L'"Intelligence Artificielle" n'est pas une intelligence. 2e Partie

Publié par PLISKINE ROBERT, le 18 mars 2024   280

Lire la première partie.


Comment savoir si une solution trouvée est valide ? Que ce soit par l'intelligence humaine créatrice des nouvelles théories scientifiques, ou par l'assistance d'une I.A. qui va l'aider à collationner un nombre énorme d'informations, la réponse est dans "la méthode scientifique". Si elle est critiquable comme toute production humaine, elle a fait ses preuves dans le domaine scientifique et technique, sciences exactes ou "naturelles" (biologie), et jusqu'ici n'a jamais été prise en défaut.

1e étape : observation de phénomènes simultanés parfaitement identifiés et si possible mesurés avec précision. Exemple : quand on voit dans le ciel un point très lumineux appelé Soleil, il fait jour. Quand le Soleil est invisible dans le ciel, il fait nuit. Phénomène observé un très grand nombre de fois. Réciproquement, on n’a jamais observé de nuit en présence du Soleil, ni de jour en son absence totale (cas des éclipses totales).

2e étape : intervention de l'intelligence pour faire la relation entre ces phénomènes, hypothèse : il y a une relation entre la présence du Soleil dans le ciel et le fait qu'il fasse jour. Et laquelle ? Est-ce le Soleil qui éclaire, ou bien il existe une autre source de lumière qui crée le jour et qui se concentre, comme pour les "miroirs ardents" connus depuis l'antiquité, en une petite zone très lumineuse, le Soleil ? Conclusion intermédiaire : il faudra faire d'autres expériences pour déterminer la source et l'objet. Pour l'instant, contentons-nous de vérifier s'il y a bien une relation entre Soleil et jour.

3e étape : conclusions tirées de l'hypothèse et tentatives de vérifications expérimentales (en science, l'expérience est souveraine pour déterminer la vérité). On observe qu'il n'existe aucun "objet" entre l'atmosphère et le Soleil capable de concentrer la lumière "aérienne" sur le Soleil, alors qu'au contraire l'expérience quotidienne montre que la lumière est diffusée par les molécules d'air et les poussières. Conclusion : c'est le Soleil qui éclaire l'atmosphère et non l'inverse. Sous réserve qu'un jour une expérience encore non imaginée prouve autre chose : on dit que "la théorie est validée par l'expérience".

4e étape : hypothèses corrélatives à la théorie. "Si la théorie est juste, elle doit être vérifiée par d'autres expériences la reprenant". Par exemple, on va mesure l’éclairement d’une surface de la Terre en fonction de la position du Soleil : la théorie prévoit une fonction mathématique entre les 2. Si les résultats sont conformes à la théorie, c'est une vérification de plus de sa validité.

Sinon :

- soit l'expérience a été mal faite et il faut la reprendre avec le maximum de précautions.
Cas réel : une expérience faite avec des particules subatomiques aurait prouvé qu'elles s'étaient déplacées plus vite que la lumière, conclusion totalement opposée à la Théorie de la Relativité. L'expérience refaite avec soin a échoué, et il a été prouvé que des mesures lors de la première étaient insuffisamment précises. On a eu le même processus, mais là malhonnête, à la demande et avec le financement d’un laboratoire pharmaceutique spécialisé en homéopathie, pour démontrer la validité de l’homéopathie par une « mémoire de l’eau » totalement contraire à la physique et la chimie. Quand les expériences ont été refaites par des chimistes indépendants, elles ont toutes échoué : les premier résultats avaient été falsifiés pour arriver au résultat souhaité.

- soit la théorie est fausse au moins dans ce cas-là.
Cas réel célèbre : l'expérience de Michelson et Morlay, refaite des milliers de fois, a toujours prouvé que la célérité de la lumière, bien que mesurable à 299 792 458 m/s, se comportait comme un infini physique ; et qu'en corollaire la mécanique classique, celle de Newton, était "fausse", en fait inapplicable aux très grandes vitesses de l'ordre de celle la lumière.

En revanche, même si les conclusions tirées de la théorie semblent parfaitement farfelues, et si une expérience indiscutable les prouve, alors c'est que la théorie est valide et qu'on peut s'appuyer dessus pour continuer à travailler. Exemple célèbre : selon la Relativité Générale, la présence de masses courbe l'espace-temps, et la lumière qui se propage en suivant cette courbure est déviée par cette masse. L'interaction ne peut pas être due à la gravitation newtonienne puisque la lumière n'a pas de masse. Si on observe cette déviation et qu'elle est celle calculée, alors la Théorie de la Relativité Générale est validée sur ce point.

C'est ce qui passé avec l'expérience d'Eddigton.
Le 29 mai 1919, sur une île africaine, à la faveur d'une éclipse totale, l'Anglais Arthur Eddington photographie la déviation des rayons lumineux des étoiles à proximité du Soleil. Après quelques mois consacrés à l'analyse de ses clichés, il annonce la conformité des résultats avec la théorie de la relativité générale d' Albert Einstein ! C’est ce qu’on appelle « les mirages gravitationnels ». Le savant allemand en est informé le 22 septembre par un télégramme de son ami, le physicien hollandais Hendrik Lorentz. C'est pour lui le début de la célébrité. Sa notoriété dépasse désormais les cercles scientifiques

*******************************************************************************************************

Alors, à quoi sert cette pseudo "intelligence artificielle" ? A part faire prendre des vessies (de porc) pour des lanternes (de fêtes) à des gogos prêts à croire à n'importe quel moracle (néologisme hérétique mot-valise contraction de miracle et d'oracle : toute solution merveilleuse acceptée par ceux qui n'y connaissent rien et lui demandent tout.) ? A tout ce qui nécessite de collationner et comparer de nombreux éléments. Pour reprendre l'exemple médical de l'article précédent, elle permet très vite de collationner des millions de radios et les millions de diagnostics formulés par des radiologues, ce qui va aider un médecin radiologue intelligent à formuler une hypothèse en face d'un nouvel élément inconnu d'une radio. C'est ce que font aussi les responsables des bibliographies. Mais le seul livre écrit par une I.A. est une compilation d'extraits d'autres livres.

Bien sûr, une fois que sur des milliers de partitions d'un compositeur ou d'un peintre on arrive à déterminer toutes les caractéristiques qui le rendent identifiable même pour une œuvre inconnue (c'est le rôle des experts en objets d'art, par exemple), il est facile de demander à un programme informatique de fabriquer une œuvre ayant les mêmes caractéristiques. Et qu'on va dire "produite par l'I.A.". Ce n'est en fait qu'un pastiche réussi, il y manque la touche de génie, la couleur ou la note de musique hors-normes qui provoque un effet nouveau. Ce qui ne met pas en cause sa qualité. Par exemple, le célèbre "Concerto de Varsovie", composé par Addinsell  à la manière de Rachmaninoff" qui ne voulait pas s'en charger, est un chef-d'œuvre qui aurait pu être composé par I.A. à partir d'un thème humain.

Hélas, comme toute invention, l'esprit humain trouve rapidement le moyen de la détourner dans un but militaire et/ou malhonnête. En collationnant des milliers de photos et de vidéos, ainsi que des discours d'une personnalité, on peut écrire un programme humain qui va créer des images et des sons très proches (et de plus en plus proches avec le développement de la technique) de celles qu'auraient produite la vraie personne en train de prononcer un vrai discours, voire pire assembler des éléments pris dans d'autres conditions (comme des films pornographiques ou de crimes), et intégrer son image et sa voix dans une séquence qui le déshonorerait. Ce sont les "deep-fakes" de plus en plus utilisées dans les manœuvres politiques de bas étage et dans la guerre hybride. Il faudra s'habituer à se méfier de ces images qui ne sont plus des preuves comme l'étaient déjà les montages photographiques, (ce qui prouve que l'I.A. n'a rien créé), à l'aide d'ailleurs de logiciels d'analyse appliquant les méthodes de l'I.A. pour la confondre.

Deux exemples récents en pleine campagne électorale :

- pour impliquer davantage Marine Le Pen dans son soutien réciproque à Poutine, il a été produit et diffusé une vidéo où elle présente ses vœux de Nouvel An en Russe ; c'est bien son image et sa voix, mais elle n'a jamais prononcé ces mots.

- Pour faire croire à la sénilité du Pdt Biden une « deep fake » parfaitement imitée l’a montré en train de prononcer des paroles incohérentes.

En conclusion :

- L'Intelligence artificielle n'est pas une intelligence mais une utilisation programmée par l'intelligence humaine pour accumuler un nombre énorme de données et aider à les utiliser.

- C'est un outil de préparation du travail très puissant mais incapable de créer quoi que ce soit d'innovant.

- Sa puissance s'accroît avec son utilisation, car cela lui fournit de nouvelles données.

- Son existence implique la nécessité de vérifier et comparer une information à plusieurs sources indépendantes, car une seule peut être trafiquée. C’est déjà le cas avec Internet, où mieux vaut vérifier la source de l’information avant d’en juger et commenter le contenu.

- La cohérence de diverses informations nouvelles et des connaissances de celui qui en observe les résultats est un bon moyen de détecter le " deep-fakes".

Et comme toujours : " L'Education est la solution à tous les maux de l'Humanité".