La méthode scientifique pour analyser les publicités et déjouer arnaques et pubs mensongères, 1° partie

Publié par PLISKINE ROBERT, le 20 avril 2024   250

Nous sommes tous "victimes" d'une agression d'informations "tendancieuses" visant à nous faire prendre des décisions stupides, voire dangereuses pour leurs conséquences financières et juridiques. Pour être plus précis en utilisant des exemples : stupides, comme d'aller assister à un spectacle nul, ou acheter un objet ou un service dont vous n'avez nul besoin et cela à un prix exorbitant, ce qui est de conséquence limitée ; mais aussi dangereuses comme vous faire transmettre vos coordonnées bancaires ou personnelles (n° de Sécurité Sociale), rien de tel pour vider votre compte bancaire ou usurper votre identité avec toutes les conséquences prévisibles.

Tous les organismes officiels et nombre d'entreprises vous abreuvent d'alertes et de méthodes pour détecter la véritable identité de votre interlocuteur. Je ne vais donc pas "ajouter du malheur au malheur" en les répétant. En revanche, pour toutes les informations d'origine authentique, surtout commerciales ou politiques, la "méthode scientifique" peut vous aider à les détecter et les neutraliser. C'est l'objet de cet article.

1° Partie : Rappel sur la Méthode Scientifique adaptée aux pubs et autres informations tendancieuses.

a) bien noter tous les éléments de l'information, y compris ce qui est en petites lettres, sur un bandeau déroulant, avec un astérisque etc... C'est exactement le même principe que, pour résoudre un problème, il faut lire l'énoncé en entier, pour exploiter les résultats d'une expérience il  faut en noter tous les paramètres. 

b) vérifier l'origine de l'information pour en mesurer la fiabilité. Certaines sources sont douteuses par nature, d'autres habituées des "erreurs" et condamnées par la Justice.

c) vérifier la cohérence et la précision de l'information avec les autres fournies : cette information se retrouve-t-elle sur d'autres supports indépendants ? Toutes les données sont-elles cohérentes entre elles ? Exemple réel : avec ce radiateur, chauffez-vous pour quelques euros par jour (exact), puissance du radiateur : 2000 Watts (exact), mais en utilisant ce radiateur à 2 000 Watts vous ne dépenserez pas "quelques" euros par jour. Ou échantillon non représentatif (95 % de satisfaction sur 20 personnes) ou méthode non valable ("autoévaluation").

d) Théorie : si l'information semble fiable et si l'auteur / fournisseur est présumé fiable, on peut bâtir une théorie, c'est-à-dire une explication rationnelle des données relatées et en conclure sur la concordance de l'objet / service proposé avec ses besoins. 

e) Expérience : tester les conséquences de l'information en faisant une expérience.

f) Validation : si le test est conforme à la théorie, on estime l'information correcte et on peut l'utiliser. Sinon l'information n'est pas correcte et rechercher l'erreur.

2° Partie : Application de cette méthode aux publicités.

Comme je tiens à la vie, je ne citerai pas de marques mais seulement le descriptif de leurs publicités.

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Pour se mettre en appétit, juste un argument de vente qui n'en est pas un : un cadenas en acier inoxydable vendu par une grande "market place" sur Internet. Le descriptif indique, pour prouver la résistance aux intempéries de ce cadenas, qu'il a supporté une immersion de 20 minutes dans de l'acide nitrique concentré. Une fois retrouvée ma respiration après le fou-rire que cela m'a déclenché, j'ai décidé de prendre cet argument comme exemple de la preuve qui ne prouve rien. Chaque chimiste, et même moi, sait que l'action de l'acide nitrique concentré crée une passivation de l'acier, ce qui est au contraire un procédé de protection contre la corrosion. Extrait de la notice d'un fournisseur :

[Le traitement ou le procédé de passivation de l'acier inoxydable consiste à le traiter avec de l’acide nitrique ou citrique afin d’éliminer toute trace de contaminant libre de la surface et de recouvrir cette dernière avec une couche fine et transparente d’oxyde anticorrosion.

Même si cette couche passive protectrice est très mince, elle possède la propriété de se reconstituer instantanément sous l'effet de l'oxygène provenant de l'air ou de l'eau. Pour cette raison, en cas de griffure ou de détérioration, la couche passive ainsi reconstituée va continuer de protéger la surface contre la corrosion. C’est pour cette raison que l'acier inoxydable n'a pas besoin d'un quelconque revêtement de protection supplémentaire pour conserver son aspect lumineux et brillant, et ce, même après des dizaines d'années d'utilisation intensive.]

Note personnelle : on peut observer le même phénomène avec une casserole en aluminium, métal très oxydable. Elle résiste à l'oxydation et assez bien aux acides car il se forme à l'air presque instantanément une couche d'oxyde d'aluminium, l'alumine, très résistante et qui ne fond que vers 2000 °C alors que l'aluminium fond vers 600°C. On peut vérifier ce phénomène en frottant une casserole en aluminium avec un abrasif (papier de verre) : il apparaît une zone brillante avec l'éclat métallique de l'aluminium, vite ternie par l'alumine.

En clair, le test de résistance indiqué comme argument commercial n'est qu'une technique bien connue de protection. Mais le terme "acide nitrique" est si impressionnant qu'on ne va pas se priver.

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Cas n° 1 : une pub passe 80 fois par jour les chaînes d'infos en continu, 1 fois avant la météo et 1 fois après, tous les 1/4 d'heures. Historiquement elle propose l'isolation par l'extérieur, puis des panneaux photovoltaïques, puis de la plomberie etc... puis de rejoindre le groupe avec une licence à 50 000 €. 

a) Sur l'isolation, l'information est-elle complète ? Non, il manque des données essentielles : nature de l'isolant, épaisseur et/ou pouvoir isolant, et surtout qui fait l'installation. Comme le Ministère de l'Environnement rappelle en permanence le nombre d'arnaques à l'isolation et les détournements du plan "MaPrimeRénov", il est essentiel de vérifier ces points.

Aucune information sur le coût, ni les économies d'énergie à prévoir et donc la durée d'amortissement.

Conclusion provisoire : L'information est très incomplète donc a priori non fiable.

b) Quelle est l'origine de l'information ? La puissance indiquée l'est par le fournisseur (juge et partie), sans aucune précision sur les conditions de la mesure. D'autre part, parfois passe une publicité dans la publicité : "Intégrez notre groupe. Droit d'accès 50 000 €", ce qui se traduit par :

- le nom de la firme n'est qu'une marque commerciale et non une entreprise. Ce n'est pas elle qui fera les travaux, qui seront sous-traités dans des conditions opaques.

- le but de cette pub à répétition est d'attirer des investisseurs en plus des clients.

Conclusion provisoire : elle n'a donc aucune certitude de fiabilité.

c) Cohérence de l'information avec d'autres sources fiables car neutres et documentées. Sur les panneaux photovoltaïques et les informations données, qui sont plus que tendancieuses pour ne pas dire franchement malhonnêtes, se reporter à mon article : Occitanie pays de l'énergie solaire du 4 janvier 2024 , dont je recopie ici l'extrait les concernant :

- Le rayonnement solaire est transformé en électricité : ce sont les panneaux "photovoltaïques" dont la théorie est simple, la réalisation complexe et le fonctionnement pratique sujet à un grand nombre d'âneries et de publicités... tendancieuses. Jetons-y un peu de lumière.

Problème n° 1 : quelle est la puissance réelle utile des panneaux photovoltaïques ?

Ces panneaux fournissent de l'électricité continue et uniquement par la lumière du jour. Deux conséquences :

La puissance indiquée, par exemple 3 kW cc (courant continu), est celle maximum obtenue quand le panneau reçoit son éclairement maximum, donc le jour et en plein soleil. Ce qui implique que la nuit (50 % du temps sur l'année) ou quand le temps est gris (rayonnement solaire absorbé par les nuages), ou quand on est une région à faible éclairement (nord) le panneau fournit moins, voire zéro. En pratique, la puissance moyenne utilisable d'un tel panneau sous nos latitudes est de l’ordre de 1 kW en sortie de panneau. Pour se fixer les idées, un chiffre moyen : l'énergie solaire reçue sur Terre est de l'ordre de 100 watts/m². Si on veut récupérer 3 kW de façon moyenne sur les panneaux (1 kW en moyenne en sortie) il faut au minimum 30 m² de panneaux. Et ça n'est pas au même prix que celui indiqué "à partir de" !

Elle est donc incohérente avec les lois de la Physique, les chiffres indiqués sont des chiffres extrêmes obtenus dans des conditions particulièrement favorables.

Conclusion : l'information de performance est donc sans valeur.

e) Expérience : demander un devis approximatif en utilisant des informations personnelles équivalentes mais pas les vraies. Par exemple, donner comme lieu un autre que celui de votre résidence ayant des durées d'exposition solaires similaires (demander à Météo-France, par exemple) avec une adresse-mail à l'intitulé différent. Par exemple, pour tous les organismes qui me demandent des infos personnelles pour établir un devis, je m'appelle M. Servidom, Prénom Assoce, ma date de naissance est fausse (quelle importance pour des panneaux solaires ?) et j'habite Perpignan, ville ayant un ensoleillement similaire. Seule mon adresse mail est exacte pour recevoir la réponse.

f) Validation :

- si le devis est précis et précise, par exemple, diverses configurations selon l'orientation de votre toit, cela vaut le coup de continuer.

- si le devis est imprécis, et comporte la mention "à partir de" qui signifie que vous ne paierez jamais ce prix-là, et pire encore si on vous impose la visite d'un "technicien" pour vous répondre, fuyez. Si vous avez besoin d'une expertise, choisissez vous-mêmes l'expert.

A titre indicatif, je n'ai jamais réussi à obtenir une information et un devis fiables auprès de cette entreprise.