Monter un projet de sciences participatives en 10 conseils

Publié par Echosciences Occitanie, le 26 septembre 2018   4.2k

Vous avez envie de monter un programme de sciences participatives ? Voici quelques conseils glanés en collaboration avec l'association Tela Botanica.

Les programmes de sciences participatives permettent à tous citoyens de participer à des projets scientifiques, principalement en récoltant des données et en aidant à leur interprétation. A l’origine, les sciences participatives concernent surtout les domaines des sciences naturalistes, l’ornithologie et la botanique. Avec l’essor des outils numériques, les programmes touchent aujourd’hui de nombreuses disciplines comme l’astronomie, la psychologie ou la biologie moléculaire et sont accessibles au plus grand nombre.

Ces projets peuvent être considérés comme une nouvelle forme de médiation. Au-delà de la récolte d’informations, participer à un programme de sciences participatives permet de s’approprier la démarche de recherche et d’acquérir de nouvelles compétences.

Projet "Regard vert sur ma ville", Carrefour des sciences et des arts  

Monter un programme de ce type nécessite de nombreux points de vigilance. Voici 10 conseils à suivre pour se lancer, bien préparé, dans l’aventure des sciences participatives :  


1. UNE QUESTION DE RECHERCHE RIGOUREUSE ET CONCERTÉE

Il est indispensable d’évaluer avant tout l’intérêt d’une approche participative en définissant en amont la question de recherche. Cette question doit être déterminée de manière concertée entre tous les acteurs impliqués (scientifiques, associations…). Les données récoltées par les citoyens doivent permettre aux chercheurs de répondre à cette question qui peut évoluer dans le temps en fonction de la participation. Pour le projet NanoEnvi par exemple, la question de recherche est la suivante : que deviennent les particules émises par le trafic routier dans la ville de Toulouse, et plus particulièrement les nanoparticules ?


2. DES OBJECTIFS ET UNE CIBLE CLAIRS

Comme dans tout projet, il est également important de bien définir avec l’ensemble des parties prenantes les objectifs et la cible qui découlent de la question de recherche. En fonction de ces deux paramètres, le choix de la stratégie et des outils varie. Dans certains cas, il est possible de modifier la cible et d’adapter le programme dans un second temps. Les programmes Observatoire des Saisons (observation des rythmes saisonniers de la flore et de la faune) et Sauvages de ma Rue (recensement de la flore urbaine) ont été déclinés pour les scolaires avec une adaptation des contenus et la proposition d’activités ludiques et pédagogiques en lien avec le programme.

Projet "Regard vert sur ma ville", Carrefour des sciences et des arts  

Il ne faut par ailleurs pas hésiter à partager ses objectifs au public, comme on peut le voir sur le site des Herbonautes

3. UN PROTOCOLE TRANSPARENT, QUALITATIF ET SIMPLE D’ACCÈS

Le protocole définit dans quelles conditions doivent être menées les actions des participants. Il nécessite d’être clair et respecter la question de recherche. Plus le protocole sera qualitatif et simple d’accès et plus les données seront fiables et reproductibles. Testé en amont, il ne doit pas effrayer les participants et avoir un langage accessible pour que les premiers pas soient facilités. Les termes scientifiques doivent être vulgarisés et bien définis. Voici par exemple le protocole de l'Observatoire des saisons.  


4. UNE COORDINATION PARTAGÉE ET UNE DYNAMIQUE DE PARTENARIAT FORTE

Pour la bonne conduite du projet, les décisions doivent être issues de la concertation des différentes parties prenantes. Il est conseillé d’organiser diverses instances : cellule dédiée à la coordination, comité scientifique, comité de pilotage décisionnaire et comité de suivi. Le comité de pilotage doit se réunir régulièrement pour adapter ses décisions en fonction des nouvelles sur le terrain.

En plus des parties prenantes, il est indispensable de mobiliser d’autres acteurs autour du dispositif : acteurs de la recherche, acteurs locaux (collectivité, entreprise), acteurs institutionnels, acteurs associatifs et acteurs d’autres programmes de sciences participatives. Ainsi, ces structures peuvent se faire le relais du programme sur leur territoire.  


5. DES OUTILS NUMÉRIQUES ADAPTÉS POUR LA GESTION DES DONNÉES

Les grandes quantités de données récoltées au cours des programmes de sciences participatives sont en général récupérées via divers outils numériques (plateforme web, application…). L’outil de saisie mise à disposition des participants ne doit pas être trop contraignant ou trop lourd : contenus adaptés aux smartphones et tablettes, ergonomie ou charte graphique définies en fonction des participants cibles… La question des données nécessite également une réflexion en amont sur les droits de reproduction, de diffusion et d’utilisation dans le respect de la réglementation.

Par ailleurs, il ne faut pas hésiter à partage un maximum de ressources à l'instar des tutoriels fournis pour le projet SPIPOLL. Voire créer des outils pédagogiques tels que des mallettes comme celle-ci de Tela Botanica.

Sauvages de ma Rue, un programme animé par Tela Botanica en partenariat avec le Muséum national d'Histoire naturelle de Paris, a développé des outils simples pour faciliter la participation du grand public : outil de saisie en ligne et application mobile, peu d'information à saisir, des interfaces claires, des intitulés simples... Toutes les données transmises dans le cadre de ce projet sont en Licence Libre (CC BY-Sa), ce qui signifie que ces données sont accessibles à tous et réutilisables.

 

Programme "Sauvages dans ma Rue PACA"  

6. UN ACCOMPAGNEMENT PERMANENT AUPRÈS DES PARTICIPANTS ET DES PARTENAIRES

Un programme de sciences participatives n’est pas viable sans structure qui prend en charge son animation. Il s’agit notamment d’accompagner les participants et les partenaires dans leurs démarches mais également de les valoriser et les motiver.  Il peut être envisagé de former des relais en territoire, associations, communes ou habitants, qui vont par la suite animer et faire vivre les projets localement. Vigie Ciel par exemple propose des formations pour les professionnels et le grand public.  

Battue de météorites dans le cadre du programme "Fripon", A Ciel Ouvert  

7. UNE RECONNAISSANCE ET UN ENTRETIEN DE L’ENGAGEMENT DES PARTICIPANTS ET DES PARTENAIRES

Il est indispensable de valoriser régulièrement les contributions de chacun. Cela passe par une communication spécifique mettant en avant les apports des participants et des partenaires : publication Facebook avec un focus sur une contribution en particulier, newsletter pour tenir au courant les participants de l’avancée du projet, mais aussi de l’actualité en rapport avec le sujet d’étude… Pour la pérennité du projet, il est également nécessaire d’entretenir la motivation de chacun en mettant en place des petits projets coups de boost et une communication saisonnière. Tela Botanica organise par exemple des concours photos en lien avec les programmes de sciences participatives. Ou encore de mettre en place des plateformes pour animer le réseau de participants et leur permettre d'échanger ensemble, à l'exemple de cette page de SPIPOLL.  


8. UNE DIFFUSION ET UNE VALORISATION DES RÉSULTATS

La mobilisation régulière de l’ensemble des participants et des partenaires passe également par le développement d’outils dynamiques de visualisation des données mises à jour en temps réel. Les participants sont souvent en demande pour savoir en quoi leur participation a été utile. Il est donc également important qu’ils aient des retours sur l’utilisation de leurs données. Tela Botanica diffuse par exemple une fois par an des lettres de résultats pour leurs programmes de sciences participatives.


9. UNE CAMPAGNE DE COMMUNICATION POUR ATTIRER DE NOUVEAUX PARTICIPANTS

Au démarrage d’un programme, il est important de prévoir une campagne de communication afin de réunir rapidement une communauté d’observateurs et faire vivre le programme. Voici quelques exemples d'outils de communication mis à disposition par Vigie Nature. Il est également indispensable d’en relancer tout au long du projet. Le programme Les herbonautes (identification de photos des plantes de l'herbier de Paris) lance par exemple des missions spécifiques tout au long de l’année ce qui permet de renouveler les contributeurs et de répondre à différentes problématiques de recherche.  


10. UNE ÉVALUATION DU PROJET ET DES OUTILS

Pour capitaliser un programme de sciences participatives, une évaluation du projet et des outils est nécessaire. L’évaluation doit être définie en fonction de critères d’utilité pour la société, pour la science et pour les parties prenantes : qualité des données, nombre de participants, bien-être et plaisir rapportés par les participants, changement estimé de pratiques ou de valeurs...  


Un grand merci à l'association Tela Botanica pour leur aide sur cet article ! Pour informations, elle met en place fin novembre une rencontre autour des sciences participatives à destination des acteurs de la culture scientifique et technique d’Occitanie dans le cadre du projet LABbota.  



Retrouvez toutes les infos dans la rubrique « Sciences participatives ». Et voici une liste non exhaustive de programmes menés dans la région Occitanie :


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