Jeunes créateurs de science - Retour sur le Forum Régional Sciences et Société 2025

Publié par Echosciences Occitanie, le 10 octobre 2025

Le Forum Régional Sciences et Société réunit chaque année une centaine d’acteurs et actrices impliqués dans le dialogue sciences-société en Occitanie afin de se rencontrer, de partager des expériences et imaginer des projets communs. L’édition 2025 portait sur le thème “Au-delà des frontières : le dialogue Sciences-Société à l’échelle internationale” qui s’est décliné à travers 10 ateliers-conférences thématiques. Retrouvez tous les comptes rendus sur cet article.

Retour sur la session “Jeunes créateurs de science : des idées aux quatre coins du monde”, avec Marième Leygonie, Coordinatrice du CIRASTI Occitanie, et Sandie Mennechet, Responsable administrative et Cheffe de projets du Centre International UNESCO sur l’Eau ICIREWARD.

L’eau comme terrain d’innovation : le hackathon Water4Future

Animée par Sandie Mennechet, responsable des projets internationaux au Centre international UNESCO ICIREWARD dédié à l’eau douce, cette première partie de la conférence a levé le voile sur le hackathon “Water4Future” (W4F), un événement d’innovation unique en son genre. Né en 2018, le hackathon était alors uniquement local. Puis le Covid est passé par là… Et l'événement s’est dématérialisé pour pouvoir perdurer. Cet épisode offrit finalement l’opportunité de changer d’échelle : le hackathon s’est peu à peu transformé en une plateforme internationale réunissant aujourd’hui jusqu’à 500 participants réparties dans 20 pays !

Pendant 48 heures, des équipes de 5 à 8 étudiants ou lycéens, parfois même des élèves du primaire, sont mises au défi de concevoir des solutions innovantes autour d’une problématique liée à l’eau douce. Le thème de l’édition 2024, “L’eau et la résilience”, a donné naissance à des projets remarquables, comme celui d’un conteneur autonome pour l’accès à l’eau potable dans les camps de migrants, intégrant dessalement, panneaux solaires et sanitaires.

Sandie a pu constater l’inscription de beaucoup d’éco-délégués souhaitant participer à cette aventure. Pour les élèves, les sujets leur sont transmis une dizaine de jours avant l’évènement, afin de leur permettre de construire leur réflexion. Les étudiants, eux, découvrent le sujet le jour J. 

L’expérience est exigeante – deux journées denses de 9h à 23h, puis 9h à 20h (pour les lycéens, les journées s’arrêtent à 17h). Des ajustements d’horaires sont néanmoins mis en place, notamment pour les participants vivant dans des contextes sensibles, ou en fonction des jours de prière dans certains pays.

Le processus de création est alors rythmé et encadré : après une phase de révélation où l’idée émerge collectivement, les participants affinent leur projet avec l’aide d’experts aux profils variés – scientifiques, designers, économistes, juristes, voire médecins. “Nous cherchons à stimuler la créativité, mais aussi la confiance des jeunes dans leur capacité à transformer une idée en projet concret”, a souligné Sandie.

Les équipes présentent ensuite leur concept à un jury international. Les récompenses sont symboliques mais précieuses : trophées, diplômes, et dépôts à l’INPI pour les projets lycéens.

Côté organisation, cet évènement nécessite 9 mois de travail. Après un appel à participation lancé en septembre, les équipes peuvent consulter en janvier l’ensemble des guides et vidéos utiles à l’exercice. Puis les équipes auront accès à un canal de discussion teams qui leur est réservé pour échanger avec les organisateurs et les mentors. 

En quelques années, Water4Future s’est ainsi imposé comme bien plus qu’un simple concours : une véritable fabrique d’idées où les jeunes apprennent à collaborer, à innover et à se projeter dans la résolution de défis planétaires.

Exposciences et Mobisciences : un tremplin pour la curiosité des jeunes

La seconde intervenante, Marième Leygonie, Coordinatrice du CIRASTI Occitanie (Collectif interassociatif pour la réalisation d’activités scientifiques et techniques internationales), a présenté deux projets complémentaires : Exposciences et Mobisciences.

Exposciences, né au Québec dans les années 1980, est un grand rassemblement offrant un espace de valorisation des projets scientifiques portés par des jeunes de 5 à 25 ans. Sans thématique imposée, il mise sur la liberté de création et la diversité des sujets, des sciences naturelles à l’informatique en passant par les sciences humaines. En Occitanie, l’événement rassemble chaque année plusieurs centaines de jeunes, avec un programme riche mêlant présentations de projets, ateliers participatifs, conférences et tables rondes.

Les inscriptions sont ouvertes de novembre à mars, pour un évènement organisé entre fin mai et début juin. Marième précise qu’il n’y a aucune sélection de projets : tous les projets ayant fait l’objet d’une démarche scientifique, quel que soit le résultat final, peuvent y être présentés. 

Lancé en 2018, Mobisciences repose quant-à-lui sur des échanges interculturels entre jeunes de différents pays : Luxembourg, Belgique, Maroc, Portugal et Tunisie. Dans le cadre de ce programme Erasmus+, des groupes de cinq jeunes de 13 à 25 ans séjournent pendant cinq jours dans un pays partenaire, tous frais pris en charge, pour échanger autour de la science, découvrir d’autres réalités et tisser des liens. Des groupes de jeunes viennent notamment présenter leurs projets scientifiques durant les Exposciences. 

Grâce à cette expérience, les jeunes prennent conscience qu’ils partagent souvent les mêmes questions que leurs pairs à l’étranger. Ces séjours sont ainsi l’occasion de déconstruire les préjugés, de valoriser la diversité culturelle, mais aussi de renforcer la confiance des jeunes dans leurs capacités à s’exprimer et à innover. 

Marième explique qu’elle s’appuie beaucoup sur un réseau international du loisir scientifique : le Milset. Celui-ci lui permet de trouver des partenaires étrangers et de croiser des pratiques de loisirs scientifiques pour les jeunes. 

Quand les frontières s’effacent, la motivation se décuple

Les deux intervenantes ont aussi partagé avec transparence les difficultés rencontrées. La mobilisation des collégiens et lycéens français devient de plus en plus complexe, en raison notamment des contraintes administratives liées aux sorties scolaires et d’un essoufflement du côté des enseignants. C’est pourquoi certains formats évoluent : W4F expérimente aux États-Unis un nouveau modèle de participation à distance basé sur des posters scientifiques. Le CIRASTI, lui, cherche à faire venir plus de centres de loisirs. 

Au-delà des questions logistiques et de mobilisation, un autre défi récurrent concerne la diversité linguistique. Lors des hackathons comme Water4Future ou dans les échanges Mobiscience, les équipes sont souvent constituées de jeunes venus d’horizons très différents, ce qui peut compliquer la communication.

Pour répondre à cet enjeu, les organisateurs mettent en place plusieurs solutions : documents de présentation systématiquement rédigés en français et en anglais, recours à des outils de traduction instantanée lors des discussions en ligne, et accompagnement spécifique pour les plus jeunes. 

Ces efforts permettent non seulement d’assurer la compréhension, mais aussi de transformer la diversité des langues en une richesse, en habituant les participants à naviguer entre plusieurs registres culturels et scientifiques.

Mais la dimension internationale reste un levier puissant de motivation, en particulier pour les jeunes souvent éloignés des circuits traditionnels de la science. En mettant en relation des étudiants du Maghreb, du Canada, de l’Afrique subsaharienne ou d’Europe, ces projets leur permettent non seulement de développer leurs compétences scientifiques, mais aussi de prendre conscience des enjeux globaux (par exemple l’inégalité d’accès à l’eau).

À l’heure où les défis globaux appellent des réponses collectives, ces projets montrent que les jeunes ne sont pas seulement des bénéficiaires de la médiation scientifique, mais de véritables acteurs capables d’innover, de collaborer au-delà des frontières et de faire entendre leur voix. 

Pour échanger avec les intervenantes : 

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