Pourquoi et comment monter son projet européen ? - Retour sur le Forum Régional Sciences et Société 2025
Publié par Echosciences Occitanie, le 22 septembre 2025 1
Le Forum Régional Sciences et Société réunit chaque année une centaine d’acteurs et actrices impliqués dans le dialogue sciences-société en Occitanie afin de se rencontrer, de partager des expériences et imaginer des projets communs. L’édition 2025 portait sur le thème “Au-delà des frontières : le dialogue Sciences-Société à l’échelle internationale” qui s’est décliné à travers 10 ateliers-conférences thématiques. Retrouvez tous les comptes rendus sur cet article.
Retour sur la session “Pourquoi et comment monter son projet européen : mode d’emploi collaboratif”, animée par Thomas Ricaud, Coordinateur de projets chez Fermat Science - Musée Fermat, et Philippe Serre, Directeur du réseau Éducation Pyrénées Vivantes.
Dès l’ouverture, la discussion a porté sur les motivations qui poussent les structures à s’engager dans un projet européen. Les participant-es ont souligné le désir d’échanges interculturels, l’opportunité de s’enrichir personnellement et professionnellement, et la volonté de travailler à une autre échelle. Certains projets trouvent leur raison d’être dans des enjeux partagés : la biodiversité qui ne s’arrête pas aux frontières, ou des thématiques éducatives communes à plusieurs pays.
D’autres motivations relèvent de l’impact : donner plus d’ampleur à une action locale, accéder à des ressources et expertises nouvelles, ou encore bénéficier de la dynamique de réseaux transnationaux. L’aspect financier, bien que secondaire pour plusieurs, reste un moteur important : la balance entre le temps investi et les ressources potentielles peut être favorable.
Des dispositifs multiples, à adapter à ses objectifs
Les intervenants ont ensuite rappelé la diversité des financements disponibles :
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Erasmus+ (éducation, formation, jeunesse, sport), le plus accessible pour initier une coopération.
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POCTEFA (coopération transfrontalière France-Espagne-Andorre), pour les projets ancrés dans un territoire frontalier.
- Des financements de programmes de recherche comme MSCA, ERC, ou DESIRA, destinés aux institutions académiques.
- Fonds DEAR, dédié à l’agriculture durable, avec des financements importants.
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CERV, pour les projets autour de la citoyenneté européenne (jumelages de villes, participation citoyenne).
- Creative Europe dédié à la culture.
- Ou encore LIFE, consacré à l’environnement.
Chaque dispositif implique une ingénierie de projet spécifique, des délais variables et des critères exigeants. Un conseil répété : prendre contact avec les référents nationaux ou régionaux de chaque programme pour clarifier les attentes des programmes et bénéficier d’un accompagnement.
Les obstacles sur la route
L’atelier a mis en lumière de nombreux obstacles rencontrés par les porteurs de projets :
- Le temps : la préparation est longue (entre l’écriture et le démarrage d’un projet), et la gestion administrative demande une organisation soutenue.
- La trésorerie : les avances nécessaires dans le cadre de certains projets ou les délais de paiement peuvent fragiliser les petites structures.
- La lourdeur administrative : justifications financières, formulaires très normés, différences de règles entre pays, absence de retours techniques...
- Les difficultés méthodologiques : trouver une structure porteuse, identifier des partenaires fiables, harmoniser les approches scientifiques et pédagogiques, franchir la barrière de la langue.
Les participants ont également mentionné la précarité des postes liés aux financements de projets limités dans le temps.
Un effort à forte valeur ajoutée
Malgré ces contraintes, les intervenants ont insisté sur les bénéfices concrets :
- Effet levier financier : le temps investi est proportionnellement mieux valorisé que sur des financements plus modestes.
- Accompagnement : il existe des relais nationaux ou régionaux, des agences européennes et des réseaux de conseil ; Cela offre la possibilité de bénéficier d’un coaching technique ou de partenariats avec des structures expérimentées.
- Apports humains et professionnels : montée en compétences, ouverture internationale, gain de visibilité, progression en langues, enrichissement pédagogique et méthodologique, rencontres et grande qualité des relations humaines tissées… Les bénéfices sont nombreux !
Plusieurs ont aussi rappelé que, pour les projets Erasmus par exemple, une avance de subvention est versée dès l’acceptation, ce qui sécurise une partie du financement.
Des expériences inspirantes
Les témoignages des porteurs de projets ont illustré ces dynamiques.
- Le réseau Éducation Pyrénées Vivantes porte et accompagne de nombreux projets européens, tels que le projet Erasmus+ IncluPyr permettant de développer des actions pédagogiques pour les publics autistes, des projets transfrontaliers POCTEFA ou LIFE (www.repv.org ).
- Fermat Science a présenté VisitMath, né d’un dispositif éducatif local – la “Chasse au Théorème” proposée aux collégiens dans la bastide de Beaumont-de-Lomagne. En partenariat avec des structures belges, italiennes, grecques et polonaises, l’idée a évolué en un projet Erasmus+ de 400 000 € sur 30 mois, visant à créer des ressources pédagogiques numériques et accessibles à l’échelle européenne, mêlant tourisme et patrimoine scientifique.
Se lancer : une question de méthode et de réseau
Un message fort est ressorti : concevoir un projet européen n’est pas plus compliqué qu’un projet territorial, à condition de mobiliser la bonne méthode. Les étapes clés consistent à :
- Partir d’une idée claire, répondant à un besoin identifié.
- Trouver l’appel à projets adéquat.
- Identifier des partenaires fiables, en s’appuyant sur des réseaux existants ou des plateformes collaboratives.
- Rédiger le projet avec rigueur, notamment les parties sensibles (budget, impacts, répartition des tâches entre partenaires, évaluation).
- S’appuyer sur les agences, institutions et structures disposant d’une expérience européenne.
L’atelier a ainsi permis de confronter ambitions et réalités, en montrant que l’Europe n’est pas un horizon inaccessible mais une échelle pertinente pour élargir l’impact des actions de médiation scientifique.
Pour échanger avec les intervenants :
- Thomas Ricaud, Coordinateur de projets chez Fermat Science - Musée Fermat, thomas.fermatscience@gmail.com
- Philippe Serre, Directeur du réseau Éducation Pyrénées Vivantes, philippe.serre@repv.org
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