Transmission du SARS-CoV-2 aux animaux domestiques

Publié par IRD Occitanie, le 22 février 2021   780

Financé dans le cadre du deuxième appel ANR « RA-Covid-19 », le projet CoVet propose de mener une étude sérologique temporelle à grande échelle de l’infection des animaux de compagnie par le SARS-CoV-2.

Pierre Becquart, coordinateur du projet, et Matthieu Fritz, tous deux chercheurs IRD de l’UMR MIVEGEC, répondent à nos questions.

Chat et Covid

© Pixabay

Quels sont les enjeux de ce projet ?

Outre les conséquences sanitaires, sociales et économiques dramatiques de la pandémie de Sars-CoV-2 pour la plupart des populations humaines, il a été démontré que ce virus infecte de nombreuses espèces animales et que l'épidémie semble se propager parmi les animaux de compagnie dans des proportions restant encore largement inconnues. La fréquence des contaminations d'animaux de compagnie par leurs propriétaires ainsi que le rôle que ces animaux pourraient jouer dans l'épidémiologie du virus sont encore largement débattus. En Europe, plus de 290 millions d'animaux de compagnie (chats, chiens et autres petits mammifères) vivent auprès des humains ; la question mérite donc d’être traitée de manière fiable et urgente. L’enjeu principal de CoVet est d’évaluer précisément la fréquence de la transmission du SARS-CoV-2 chez cette catégorie d’animaux en France.

Chien et santé

© IRD - Thibaut Vergoz

Quelle en est l’originalité ?

En premier lieu, la mise en place d'un vaste réseau de prélèvements d’animaux domestiques issus de toute la France métropolitaine. Ensuite, cette étude longitudinale se déroulera sur plusieurs mois, ce qui permettra de couvrir les phases de contrôles et de poussées épidémiques, de suivre l’évolution géographique de l’épidémie chez l’Homme, et enfin de détecter l'apparition de variants issus de l’Homme ou issus des transmissions entre animaux.  

Chat et Covid

© evsafronov - Adobe stock

Sur quelles connaissances antérieures votre équipe s’appuie-t-elle ?

Plusieurs études ont démontré que certaines espèces d'animaux étaient susceptibles à l’infection par le SARS-CoV-2 et que l’infection de l’animal par son propriétaire était possible. Notre équipe a ainsi observé que, chez les d’animaux dont les propriétaires ont été diagnostiqués positifs pour la Covid-19, 21 à 53 % présentaient des anticorps dirigés contre le virus. De plus, la proportion d’animaux séropositifs était 8 fois plus élevée dans les foyers où au moins une personne avait développé la COVID-19.

Chien et Covid

© Srdjan - Adobe stock

Quels sont les résultats attendus ?

L’ampleur de l’échantillonnage (environ 8000 échantillons sanguins) permettra d’obtenir des résultats fiables et solides sur la fréquence de transmission du SARS-CoV-2 des humains à leurs animaux de compagnie, ainsi que sur les différences de sensibilité entre les différentes espèces animales. Concernant les variants, nous pourrons également déterminer leurs impacts phénotypiques potentiels (modification de la pathogénicité ou de la transmissibilité) sur les animaux domestiques. 

© Institut de la vision

En quoi votre recherche répond-elle à la science de la durabilité ?

Tout d’abord, CoVet s’appuie sur une équipe interdisciplinaire basée sur un partenariat public/privé réunissant plusieurs instituts publics de recherche (IRD à Montpellier, INSERM à Lyon et l'Université de Caen), avec l’implication fondamentale du Laboratoire d’analyses vétérinaires VEBIO à Arcueil et de vétérinaires de l’Institut de la Vision à Paris, sans lesquels ce projet n’aurait jamais pu se réaliser. Ensuite, les résultats sur la fréquence des transmissions du SARS-CoV-2 de l'Homme à ses animaux de compagnie permettront de confirmer la nécessité de mettre en œuvre une stratégie One-Health dans la réponse globale à l'épidémie et d’en définir les contours exacts. Enfin, ce projet axé sur les animaux domestiques en France métropolitaine s’intègre parfaitement à d’autres projets internationaux en cours dans notre équipe sur le SARS-CoV-2 : ANR/SPILLBACK et  ANRS/LACOVISS. Ensemble, ces projets permettront d’apporter des éléments précieux et décisifs sur les mécanismes de propagation et d’émergence des virus zoonotiques à partir de la faune sauvage. Toutes les informations acquises permettront in fine de mieux anticiper et prévenir d’éventuelles futures émergences d’agents pathogènes afin d’intervenir le plus rapidement possible et éviter une autre pandémie mondiale telle que celle subie aujourd’hui.

 

Aller plus loin :

Contacts scientifiques : Pierre Becquart, IRD, UMR MIVEGEC PIERRE.BECQUART@IRD.FR Matthieu Fritz, IRD, UMR MIVEGEC MATTHIEU.FRITZ@IRD.FR 

  Contacts communication : Fabienne Doumenge, Julie Sansoulet COMMUNICATION.OCCITANIE@IRD.FR 


Source : https://www.ird.fr/projets-cov...