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Rizière irriguée ou pluviale : laquelle résiste le mieux aux maladies ?

Publié par IRD Occitanie, le 21 avril 2022   750

Une équipe franco-burkinabé – dont des scientifiques de l’UMR PHIM - a réalisé le premier inventaire spatio-temporel incluant plusieurs maladies du riz au Burkina Faso. En comparant les résultats des rizières irriguées et pluviales, ils apportent des connaissances sur la dynamique de quatre maladies, préalables au déploiement des bonnes stratégies de lutte.

Virus, bactéries, champignons, tous ces agents pathogènes attaquent les cultures de riz. Pour bien combattre un ennemi, il faut commencer par mieux le connaître !

Suivi des maladies du riz, Burkina Faso © IRD - Nils Poulicard

Récoltes de riz diminuées = ressources alimentaires en moins

Le riz paie un lourd tribut aux maladies et aux insectes ravageurs : à l’échelle mondiale, 17 à 30 % des récoltes sont perdus chaque année. C’est d’autant plus préjudiciable que les zones touchées sont celles où la démographie croît rapidement et où on enregistre des déficits de nourriture. Or les populations sont parfois très dépendantes de cette denrée alimentaire. En Afrique de l’Ouest par exemple, le riz représente ¼ de toutes les céréales consommées. Au Burkina Faso, deux types de riziculture prédominent : la riziculture irriguée qui représente 30 % des surfaces mais contribue pour plus de la moitié de la production nationale, et la riziculture pluviale dans les bas-fonds (67 % des surfaces). Des phytopathologistes de l’IRD, de l’INERA1 et du CIRAD, se sont attelés au premier inventaire décrivant conjointement quatre maladies majeures du riz.

Observation de la maladie du riz, Burkina Faso © IRD - Charlotte Tollenaere

Une enquête de terrain de grande ampleur

Cet état des lieux, basé sur le suivi de 6 sites pendant 4 ans, permet ainsi d’obtenir une image complète dans le temps et dans l’espace de l’occurrence des principales maladies dans l’Ouest du Burkina Faso. Il s’agit de quatre maladies : la panachure jaune (une virose)2), la bactériose à stries foliaires3, la pyriculariose4 et l’helminthosporiose5. « Nous avons sélectionné 3 paires de rizicultures contrastées « irriguée / pluviale » situées à Bama, Banzon et Karfiguela, précise Charlotte Tollenaere, spécialiste des relations hôtes-pathogènes à l’UMR PHIM. Cette étude a été réalisée dans le cadre du LMI PathoBios avec des spécialistes de chacun des agents pathogènes : Issa Wonni, bactériologiste, Abalo I Kassankogno, mycologiste, et Drissa Sérémé, virologiste ». Les scientifiques ont procédé par deux types de suivi complémentaires sur une cinquantaine de parcelles chaque année. D’une part en observant les symptômes visibles sur les plants de riz pour repérer la présence / absence des symptômes des maladies. D’autre part au moyen d’enquêtes auprès de riziculteurs avec les items suivants : genre, âge, propriétaire ou non de la culture, vente ou autoconsommation, cultivars, repiquage ou non, engrais, pesticides, rotation des cultures. L’enquête a montré que les riziculteurs sont majoritairement des hommes à l’exception du site de Tengrela (zone de Karfiguela), où les femmes pratiquent la riziculture traditionnelle non irriguée.

Gros plan sur des plants de riz atteints de la maladie de la panachure jaune du riz.

© IRD - Eugénie Hébrard

Rizières irriguées plus productives mais moins résistantes

Les deux principaux résultats révélés par l’étude soulignent les avantages de chacun des types de cultures. Seule la culture irriguée permet d’avoir 2 récoltes /an. Par contre, les niveaux d’infection rapportés pour les 4 maladies sont plus élevés en culture irriguée, surtout en ce qui concerne la bactériose et la pyriculariose. « Nous avons observé que la bactériose était très présente en culture irriguée tandis que la virose ne dépend pas du type de riziculture mais peut être localement très fréquente, commente Mariam Barro, doctorante burkinabé en co-tutelle entre l’université Nazi Boni et l’université de Montpellier. De plus, on note que plusieurs maladies peuvent coexister dans la même parcelle, voire même au niveau du plant de riz ». Ces co-infections ont des effets particuliers sur le riz comme cela a été montré pour la virose et la bactériose lors de travaux antérieurs de la même équipe. Cela sera à approfondir, d’autant qu’il y a des associations préférentielles entre certaines maladies. « La poursuite de ce travail passe des outils moléculaires pour caractériser la diversité génétique des différents agents pathogènes mis en évidence par observation macroscopique. En couplant cela avec des expérimentations en serres, nous étudierons l’effet de la co-infection sur les trajectoires évolutives de ces bio-agresseurs des rizières », conclut Charlotte Tollenaere.

Notes
1
Institut de l'Environnement et de Recherches Agricoles du Burkina Faso
2
Due au "Rice yellow mottle" virus
3
Dont l'agent est la bactérie Xanthomonas oryzae pv. Oryzicola 
4
Causée par un champignon Pyricularia oryzae
5
Dont l'agent est un autre champignon Bipolaris oryzae 


Publication : Barro M., Kassankogno A. I., Wonni I., Sereme D., Somda I., Kabore H. K., Béna G., Brugidou C., Tharreau D., Tollenaere C. (2021). Spatiotemporal survey of multiple rice diseases in irrigated areas compared to rainfed lowlands in the Western Burkina Faso. Plant Disease105 (12), 3907-3917https://doi.org/10.1094/PDIS-03-21-0579-RE

Cet article a été écrit dans le cadre du projet Planet@liment


Contact Science : Charlotte Tollenaere, IRD, UMR PHIM charlotte.tollenaere@ird.fr  CHARLOTTE.TOLLENAERE@IRD.FR  
Contacts communication : Fabienne Doumenge, Julie Sansoulet COMMUNICATION.OCCITANIE@IRD.FR


Source de l'article : Rizière irriguée ou pluviale : laquelle résiste le mieux aux maladies ?