Le parcours d'une archéobotaniste, Vanessa Py-Saragaglia, chargée de recherche au laboratoire GEODE de Toulouse

Publié par Echosciences Occitanie, le 23 février 2018   3.4k

Portrait réalisé dans le cadre du cycle des « cafés du quai » des Savoirs coordonnés par l’Université Fédérale, le CNRS Midi-Pyrénées et l’association Femmes & Sciences, groupe Toulouse qui propose un cycle dédié aux femmes en sciences. 

(Image en-tête : Conception & graphisme ©Julie SISTENICH // Textes / Photographies : ©Fleur Olagnier & CNRS Midi-Pyrénées)


« À partir des cernes dessinés sur ce fragment de charbon de bois, on peut reconstituer l’histoire de l’arbre, contrainte par le climat et les hommes qui l’ont exploité, abattu, et ainsi l’histoire
de l’environnement… »
, explique Vanessa Py, les yeux plongés dans un macroscope flambant neuf qui grossit jusqu’à 100 fois. Issue d’une famille de charpentiers, l’archéologue qui rêvait
de devenir commissaire-priseur, était pourtant destinée à travailler avec le bois. Spécialisée dans l’étude des massifs montagneux, elle retrace l’évolution des forêts d’altitude au fil des siècles. « Je cherche à déterminer comment l’Homme a transformé son milieu, et en parallèle comment l’Homme et la nature ont réagi et se sont adaptés à ces changements. À long terme, une meilleure compréhension de cette co-construction devrait nous aider à mieux cerner les causes et processus des dérèglements environnementaux et climatiques, et à trouver les moyens de les gérer », certifie la chercheuse. 

Chargée de recherches au CNRS, au laboratoire Géographie de l’environnement* (GEODE) depuis octobre 2011, Vanessa Py s’intéresse aussi, depuis sa thèse, au charbonnage du bois. La fabrication du charbon de bois, qui permettait autrefois la transformation du minerai en métal, a impliqué l’exploitation d’importants espaces forestiers, réduisant les arbres à l’état de charbons aujourd’hui étudiés par l’anthraco- logue. Drôle de coïncidence quand on sait que son arrière-grand-père maternel était lui-même charbonnier en Sicile… 

En 2007, l’archéobotaniste donne naissance à sa fille. Mais les choses se compliquent pour la chercheuse, alors en quatrième année de thèse. « Idée reçue : une femme devrait attendre d’avoir fini son doctorat et d’avoir un poste avant de songer à avoir un enfant. Cela a été dur, un vrai challenge, mais je suis allée au bout de mon souhait », sourit l’archéobotaniste.

Malheureusement, dans la recherche, nombre de femmes repoussent leur désir d’enfant. Et c’est un vrai problème car une fois en poste, la trentaine passée, certaines d’entre elles vivent un véritable parcours du combattant pour devenir mère. Pour l’archéologue, en 2016, il est donc primordial de faciliter la vie des jeunes mères scientifiques. Un projet de crèche voit d’ailleurs
le jour à l’université Toulouse - Jean Jaurès : en janvier 2017, 40 places seront ouvertes aux enfants des étudiants, du personnel de l’université et des habitants du quartier.


Le laboratoire Géographie de l’environnement : 

Le laboratoire GEODE (Geographie de l’Environnement) est une unité mixte CNRS (INEE) / Université de Toulouse 2 constituée de 37 membres permanents et de 30 doctorants qui oriente ses activités scientifiques sur l’étude des paysages et de l’environnement dans une perspective interdisciplinaire et multitemporelle, allant de la retro-observation des processus naturels et socio-environnementaux à l’établissement de modèles prospectifs.

Le cycle des « cafés du quai » des Savoirs coordonnés par l’Université Fédérale, le CNRS Midi-Pyrénées et l’association Femmes & Sciences, groupe Toulouse propose un cycle dédié aux femmes en sciences. Des témoignages de scientifiques, chercheuses ou ingénieures, permettent au public de comprendre le parcours, le métier et les recherches des intervenantes mais aussi d’échanger avec elles dans un climat convivial et décontracté.

Image :

Conception & graphisme ©Julie SISTENICH

Textes / Photographies :  

©Fleur Olagnier & CNRS Midi-Pyrénées

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