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Le loup africain, éboueur et chasseur

Publié par IRD Occitanie, le 10 juillet 2025

Dévorant vertébrés, insectes et végétaux, le mystérieux loup africain est résolument omnivore. Une récente étude, menée par des scientifiques de l’IRD et de l’université de Tizi-Ouzou, révèle ainsi des aspects méconnus de son régime, de ses comportements sociaux et de ses interactions avec les humains et les autres animaux. En analysant ses déjections par métabarcoding , ils ont mis en évidence la variété de son alimentation : l’espèce sauvage la plus fréquemment consommée par Canis lupaster est le sanglier. Ce résultat suggère un comportement de chasse active, en meute, encore jamais observé. Mais il mange aussi ovins, caprins, bovins et volailles d’élevage. La faible prédation directe sur le cheptel, suggère qu’il s’agit de carcasses ou d’animaux morts, résidus d’élevage. Sa fréquentation des zones anthropisées est confirmée par la consommation de fruits cultivés, notamment de figues en été. Opportuniste, il complète son régime avec des végétaux sauvages, des arthropodes et chasse même le renard roux.

Le loup africain est une énigme de l’évolution. Génétiquement homogène, il est pourtant représenté par deux phénotypes  ayant des comportements différents : un premier phénotype « chacal doré » qui vit en groupe, et un second phénotype « loup » qui est solitaire. Identifié il y a une quinzaine d’années seulement grâce à des analyses génétiques 1 , il est abondant dans une vaste zone entre l’Afrique du nord, le Sahel et la Corne de l’Afrique. Malgré sa plasticité écologique, Canis lupaster reste une espèce de grand carnivore africain encore mal connue et largement sous-documentée.


par Olivier Blot, IRD le Mag'

1. Ces études ont montré que le chacal doré africain était en fait une nouvelle espèce de loup (Canis lupaster). Le chacal doré asiatique reste quant à lui une espèce valide.

Loup africain en position d'observation.

© Hakim Benmokhtar

Le loup africain a été caractérisé génétiquement il y a une quinzaine d'années et son comportement reste encore peu documenté.

CONTACTS

Philippe Gaubert, CRBE (IRD, CNRS, Toulouse INP, Université de Toulouse)

Kahina Mallil, Laboratoire d’écologie et biologie des écosystèmes terrestres, Université de Tizi-Ouzou, Algérie
 

PUBLICATIONS

Elena Revill-Hivet, Kahina Mallil-Messara, Fabienne Justy, Frédérique Cerqueira, Erick Desmarais, Mansour Amroun & Philippe Gaubert, Pioneering DNA metabarcoding analysis of the African wolf (Canis lupaster) diet, Mammalian Biology, 02 mai 2025
DOI : 10.1007/s42991-025-00489-9

Philippe Gaubert, Cécile Bloch, Slim Benyacoub, Adnan Abdelhamid, Paolo Pagani, Chabi A.M.S. Djagoun, Arnaud Couloux & Sylvain Dufour. Reviving the African Wolf Canis lupus lupaster in North and West Africa: a mitochondrial lineage ranging more than 6,000 km wide, PLoS ONE, 2012
DOI : 10.1371/journal.pone.0042740

Source : https://lemag.ird.fr/fr/le-lou...