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Être militant gaulliste en Midi toulousain (1947-1958)

Publié par Mondes Sociaux, le 27 septembre 2022   600

Article par  Bryan Muller

Né dans les heures sombres de l’histoire du XXe siècle, le gaullisme de guerre s’est progressivement mué en un courant politique puissant en France. Le premier parti gaulliste, le RPF, connaît des heures de gloire sous la IVe République qu’il combat au même titre que les communistes avant de s’effondrer en 1952/1953. Divisé en plusieurs mouvements plus ou moins groupusculaires, le gaullisme renaît en pleine crise algérienne. Quelle est donc son histoire dans le Midi toulousain ?

En pleine Guerre Froide, les gaullistes vont se présenter comme un nouveau courant politique capable de dépasser les clivages politiques traditionnels. Ayant le vent en poupe au début de leur existence, ils rencontrent de vives difficultés à s’implanter dans le Sud-Ouest (en dehors des côtes aquitaines). Cette particularité explique les raisons qui ont conduit les gaullistes à percevoir le Midi toulousain comme une région hostile et peu attractive sous la IVe République.

La naissance du gaullisme politique dans l’opposition

Fondé en 1947, le Rassemblement du peuple français (1947) se présente comme une troisième voie alternative au « séparatisme » communiste (le Parti communiste français est favorable à l’URSS), et aux partis fondateurs de la IVe République tels que la Section française de l’internationale ouvrière (SFIO) et le Mouvement républicain populaire (MRP), perçus comme des atlantistes prêts à renoncer à l’indépendance nationale au profit d’une fédération européenne supranationale. À ses débuts, le RPF dispose de bons arguments pour séduire la population : il est fondé par d’anciens résistants parfois très célèbres (Charles de Gaulle en tête), il prône la fin du clivage gauche-droite en développant l’Association capital-travail (plus connu ensuite sous le nom de « Participation »), il veut accroître et préserver la « grandeur » de la France à travers le renforcement de sa puissance militaire – ternie par la défaite de 1940 – et son indépendance nationale, etc.

Dès ses débuts, le RPF est placé à l’extrême droite de l’échiquier politique par les partis fondateurs de la IVeRépublique et la position qu’il occupe à l’Assemblée nationale. Son  discours viriliste, son hostilité au « régime des partis », sa  fascination pour l’armée et sa défense d’un régime présidentiel lui vaut la méfiance des nouvelles institutions qui y perçoivent (ou feignent d’y percevoir) une résurgence du pétainisme. Ce sentiment est renforcé par la présence avérée d’une minorité de militants qui furent d’authentiques collaborateurs ayant décidé de rejoindre les gaullistes pour se « refaire une virginité » politique en cachant leur passé. [...]

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