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Plats traditionnels béninois : carton plein nutritionnel pour le niébé

Publié par IRD Occitanie, le 4 juillet 2023   460

Les plats traditionnels béninois basés sur le niébé, une légumineuse, apportent plus de 30 % des besoins journaliers en fibres, folate et magnésium. C’est le résultat d’une étude menée par des scientifiques béninois et français, dont ceux de l’IRD, et publiée dans la revue Nutrients.

Partout dans le monde, la consommation de graines de légumineuses pourrait aider à lutter contre les malnutritions. Exemple du niébé au Bénin.

Les 9 plats béninois à base de niébé
© Akissoe et al., 2023

Le niébé préparé à toutes les sauces

Ce n’est pas un hasard si l’ONU consacre chaque 10 février à la Journée mondiale des légumineuses ni que la FAO souligne « leur rôle crucial… dans la lutte contre l'insécurité alimentaire ». Riches en micronutriments, fibres et protéines, celles-ci peuvent contribuer à une alimentation saine. Originaire d’Afrique de l’ouest, le niébé est la légumineuse la plus consommée dans les pays de cette région. Au Bénin, les scientifiques recensent au moins 18 plats préparés à base de ses graines. Sachant que dans ce pays - outre des problèmes de sous-nutrition persistants -  les maladies non transmissibles liées à l'alimentation, telles que diabète, hypertension artérielle ou obésité, touchent de plus en plus les populations, les auteurs de la présente publication voulaient mesurer les niveaux de consommation de ces plats traditionnels pour mieux évaluer leur contribution nutritionnelle réelle. « Pour notre étude, nous avons sélectionné les neuf plats les plus populaires pour les analyser : beignets (Ata, Ata-doco, Ataclè), plats composés (Abla, Atassi, Djongoli), ragoûts (Adowè, Abobo, Vêyi) », livre Claire Mouquet-Rivier, nutritionniste à l’IRD (UMR QualiSud).

Enquête de consommation alimentaire à Kpomassé, Bénin, 2023
© IRD - Youna Hemery

Enquête dans le sud du Bénin

Pour servir de support visuel lors de l’enquête, les scientifiques ont d’abord élaboré un atlas alimentaire présentant des portions calibrées des neuf plats sélectionnés. Un questionnaire de fréquence alimentaire a ensuite été utilisé pour estimer la contribution des plats à base de niébé aux apports journaliers recommandés en divers nutriments (AJR), en fonction de leur fréquence de consommation (sur une semaine) et de leur composition nutritionnelle. Répartis dans trois zones urbaines ou rurales du sud du Bénin, 1217 adultes de 19 à 65 ans ont répondu au questionnaire. « L’analyse des réponses montre que 98 % d’entre eux consomment du niébé une fois par jour en moyenne, tous types de plat confondus », rapporte Lorène Akissoé qui a réalisé cette étude dans le cadre de son doctorat. La quantité moyenne consommée était de 71 g équivalent graines/adulte/jour en milieu urbain et de 58 g en milieu rural, soit une quantité supérieure à la quantité de légumes secs recommandée dans le cadre d’un régime alimentaire sain et issu de systèmes alimentaires durables. Si le plat mixte Atassi et le ragoût Abobo sont les aliments les plus consommés dans toutes les zones d'étude, il y a toutefois des différences significatives dans le nombre de consommateurs entre les zones urbaines et rurales pour 7 des spécialités.

Ragoût de niébé
© Adobe stock

Contribution nutritionnelle appréciable

Les scientifiques ont basé leurs analyses de composition nutritionnelle sur 3 à 5 échantillons de chacun des neuf plats prélevés sur des étals de cuisinières de Cotonou. « La contribution quotidienne moyenne des plats à base de niébé aux AJR se révèle être de 42 % pour les fibres, 37 % pour le magnésium, 30 % pour les folates, 26 % pour les protéines et moindre pour le zinc et le potassium », annonce Youna Hemery, chercheuse à QUALISUD. Quelle que soit la zone (rurale vs urbaine), le ragoût de niébé « Abobo » est la spécialité qui contribue le plus aux AJR pour les nutriments étudiés. Ces résultats montrent que la consommation de plats à base de niébé au sud du Bénin contribue à la sécurité nutritionnelle des adultes. Leurs apports particulièrement élevés en fibres alimentaires suggèrent que ces spécialités traditionnelles peuvent jouer un rôle positif dans la prévention du surpoids, de l'obésité et d’autres maladies chroniques liées à l'alimentation. 


Publication : Akissoe L., Hemery Y., Madode Y. E., Icard-Vernière C., Rochette I., Picq C., Hounhouigan D. J., Mouquet Rivier C. 2023. Current consumption of traditional cowpea-based dishes in South Benin contributes to at least 30% of the recommended intake of dietary fibre, folate, and magnesium. Nutrients, 15 (6), 1314. https://doi.org/10.3390/nu15061314

Contacts science : Claire Mouquet-Rivier, IRD, QualiSud CLAIRE.MOUQUET@IRD.FR


Lorene Akissoé, CIRAD, QualiSud LORENE.AKISSOE@CIRAD.FR


Contacts communication : Fabienne Doumenge, Julie Sansoulet COMMUNICATION.OCCITANIE@IRD.FR

Source: https://www.ird.fr/plats-tradi...