NanoEnvi : Ensemble contre la pollution de l'air

Publié par Marie Dubrana, le 20 mars 2023   420

48 000. C’est le nombre de décès par an en France dû aux émissions de gaz et de particules émises par le trafic routier.1 Que deviennent les nanoparticules émises par les véhicules ? L’impact dans la ville et dans les logements, est-il le même ? Analyser le devenir de ces particules fines, c’est tout l’enjeu du projet toulousain NanoEnvi.


De l'étude de laboratoire à la participation citoyenne.

Lancé en 2017 à Toulouse, vous avez peut-être eu l'occasion de participer au projet NanoEnvi. 

Une étude de lutte contre la pollution atmosphérique qui mêle interdisciplines par l'intervention d'acteurs académiques et non académiques avec une dimension participative citoyenne.

 Dans un projet participatif, il y a cette interaction directe entre le chercheur et le non-chercheur qui propose son aide. De notre côté, ça nous a apporté énormément en tant que chercheur d'avoir ce lien.

Mélina Macouin, chercheuse au CNRS au laboratoire Géosciences Environnement de Toulouse

Pour mener à bien l'étude, des biocapteurs ont été installés dans plus de 150 appartements toulousains et dans 2 écoles primaires de la ville. Mais pas n'importe quels capteurs ! Des capteurs naturels et issus d'écorces de platanes. Le but est de créer une imagerie 3D de la pollution urbaine en suivant le trajet des particules de la rue jusqu'à l'intérieur du logement. Pour cela, un capteur est placé à l'extérieur de la façade et un second à l'intérieur.

Mélina pèse des biocapteurs @NanoEnvi

Pourquoi s’intéresser aux nanoparticules ?

S'il existe différents types de particules, la taille de ces dernières a une grande importance quant à l’impact sur notre santé. D’une part, on retrouve les particules que l’on peut voir, celles qui sont supérieures à 10 microns. Ces dernières sont exploitables assez facilement et évacués par notre corps sous forme de muscus. De l’autre, les particules les plus fines sont capables de pénétrer dans notre système respiratoire, mais peuvent également franchir notre barrière naso-cérébrale via nos bronches et muqueuses. 

La pollution de l'air entraîne non seulement des pathologies des voies respiratoires, mais aussi beaucoup de pathologies cardiaques et cérébrales. Toute une gamme de maladies qui n'est pas seulement sur la respiration et ça, c'est en raison des particules les plus fines.

Mélina Macouin, chercheuse au CNRS au laboratoire Géosciences Environnement de Toulouse

@NanoEnvi, Melina Macouin, CNRS

NanoEnvi, qu'ont révélés les écorces ?

Après 2ans et demi, les premiers résultats ont pointé le bout de leur nez. On remarque que les particules se retrouvent en faible quantité à l’intérieur des appartements. Cela ne signifie pas qu’il n’y a pas de pollution interne liée aux meubles ou aux produits ménagers. Mais les particules étudiées, celles liées au trafic, ont un faible transfert. C'est une bonne nouvelle.

En revanche, une grande quantité de particules se manifeste dans les écoles, beaucoup plus que dans les appartements. Cette forte concentration est due à la fois à un manque de ventilation, mais également au nombre d’individus par mètre carré. Les particules pénètrent par les cheveux, les manteaux, les cartables... Bien que les nano-particules peuvent rentrer par les fenêtres, il reste néanmoins essentiel de ventiler les pièces quotidiennement. Aérer permet de réguler la sur-concentration de particules internes qui stagnent dans la pièce.


AirGeo - Le développement du projet à l’international.

AirGeo est un projet international qui s'appuie sur la première étude menée à Toulouse. Le projet rassemble 6 pays avec un cas d'étude le plus développé au Sénégal. Plus précisément à Sébikotane, à 60 km de Dakar. L'enjeu du projet est "d'identifier de nouveaux dispositifs favorisant une meilleure qualité de l'air dans une région dépourvue de stations de surveillance" 2CNRS.

Si le protocole reste le même, le dispositif participatif est différent. À Toulouse, tous les capteurs avaient été distribués lors de fêtes de quartier ou d'animations scientifiques, de mains à mains. À Sébikotane, c'est par l'alternative des responsables de quartier, d'étudiants volontaires et des personnes qui s'occupent de la santé communautaire dans ces quartiers que la distribution a eu lieu. 200 capteurs ont ainsi pu être distribués en seulement 3 jours début 2022.

Pour suivre l'avancement du projet, restez connecté sur  le blog du projet AirGeo !

Project AirGeo’s Teaser / @AirGeo

Bilan : on ouvre les fenêtres et on prend un bol d'air.

On aère, même en hiver. Il est conseillé d'aérer 5 à 10 minutes par jour afin de renouveler l'air sans refroidir votre intérieur. Même lorsque l'on habite au bord d'une artère routière, il est essentiel de ventiler quotidiennement pour maintenir la qualité de l'air que l'on respire. 

Pour en savoir plus sur ces projets de recherches participatifs :

1 Selon une Étude Santé Publique France du Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires et  du Ministère de la Transition Énergétique. Site du gouvernement .

2 Selon le site Internet du CNRS -  laboratoire Géosciences environnement de Toulouse