De l'art et de la science

Publié par Claire Adélaïde Montiel, le 12 octobre 2019   1.2k

En ce mois d’octobre où la nation tout entière se mobilise pour fêter la science, le département de Tarn et Garonne n’est pas en reste et notamment l’Académie de Montauban qui, sous la présidence de Jean-Luc Nespoulous, a apporté sa contribution à la réflexion commune grâce à la conférence de Mireille Courdeau intitulée Art et science : cheminements, complicités, perspectives.

Devant une salle comble passionnée par ses propos, Mireille Courdeau que sa formation (Conservatoire de Marseille, direction de la Cité de la musique, Groupe de musique électroacoustique) et sa pratique artistique prédisposaient peu à la science, évoque les relations qui unissent artistes et scientifiques.

Elle se refuse à opposer l’art qui relèverait de l’émotion et de la sensibilité et la démarche scientifique qui procéderait seulement d’une démarche rationnelle. « Dans l’esprit de ceux qui considèrent de façon duale d’un côté l’art et de l’autre les sciences, on voit bien » dit-elle « surtout au pays de René DESCARTES et d’Auguste COMTE, que les choses sérieuses relèvent de la méthode scientifique qui encadre le processus de production des connaissances, qu'il s'agisse d'observations, d'expériences, de raisonnements ou de calculs théoriques…Par contrecoup, la place de l’art est celle qui reste. »

« Pourtant, selon KANT, l’intelligence vient bien tout à la fois de l’intuition, de ce qu’il appelle l’entendement, de l’imagination et du raisonnement. Art et science s’appuient sur un corpus de connaissances, de maîtrises techniques qui alimentent, encadrent, canalisent, régénèrent constamment un savoir-faire qui ne serait lui-même pas grand-chose en l’absence d’une capacité à écouter le monde, à vibrer avec son environnement, donc à le sentir autant qu’à le comprendre. ». Cette pensée, Mireille Courdeau la fait sienne au nom de sa pratique quotidienne qui lui a permis « de rencontrer des artistes travaillant dans le cadre d’une discipline rigoureuse et des scientifiques qui utilisaient plus qu’on ne le dit leur intuition, leur sensibilité. »

Et de s’interroger sur la dialectique entre art et science, sur la manière dont leurs relations ont évolué au fil du temps et sur l’avenir qu’on peut imaginer en ces temps où les neurosciences décortiquent les processus les plus intimes de la création. Qu’en sera-t-il, se demande-t-elle, de l’artiste « fasciné par ces outils, fruits de recherche scientifique et de progrès technologique d’aides à la création. Abandonnera-t-il volontairement à la machine son expressivité, son émotion, sa sensibilité ? »

Mosaïque de SCHMIDT-CHEVALIER : "Cheminement"

A toutes ces questions l’avenir apportera ses réponses, mais ce que Mireille Courdeau souligne en conclusion c’est que, depuis la nuit des temps, l’art et la science ont partie liée dans une « relation amoureuse, donc conflictuelle… qui est l’illustration même de la complexité de la nature humaine »

Une superbe conférence qui suscite plus de questions qu’elle n’apporte de réponses, mais n’est-ce pas le but de toute réflexion que de poser les problèmes et d’inviter tout un chacun à se faire son opinion ?