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Ce que l’intelligence artificielle a d’humain

Publié par Mondes Sociaux, le 5 février 2021   1k

podcast avec Antonio Casilli


Les robots vont-ils remplacer les humains au travail ? Les « intelligences artificielles » sont-elles réellement intelligentes ? Ces questions ne sont pas les seules que pose le digital labor, ou travail du clic. Derrière nos instruments techniques – téléphones, assistants virtuels – s’articule un travail humain invisible. 

Antonio Casilli propose d’étudier les réseaux globalisés de ce digital labor afin d’expliquer comment ce travail se structure. Depuis au moins vingt ans, de nombreux outils contiennent des « intelligences artificielles », c’est par exemple le cas des assistants virtuels comme Siri, Cortana, Alexa ou encore Google Home. Cependant, pour fonctionner, ces instruments demandent une masse importante de « travail vivant ». Des petites mains du digital travaillent sans relâche pour faire fonctionner ces instruments. Elles modèrent, traquent les contenus violents, récoltent et traitent les données engrangées par les plateformes. Cette étude sociologique montre alors que nos outils techniques, prétendus autonomes, dépendent en fait d’une multitude de travailleurs.

Ce travail, rendu invisible par la notion même d’intelligence artificielle, emploie une foule de « tâcherons du clic » précaires, répartis sur plusieurs continents. Souvent installés dans des pays tiers comme par exemple, Madagascar pour la France. Ces employés sont recrutés sur des bases opaques et sans logique de qualification. Il s’agit d’activités précaires qui concernent 260 000 personnes en France et qui ne sont pas sans occasionner de la souffrance. Toutefois, certains travailleurs s’organisent et arrivent à faire valoir leurs droits. Cette étude propose enfin différentes pistes de réflexions relatives aux alternatives à mettre en place pour solutionner l’invisibilisation et à la précarité du digital labor.

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