Un soir en Black Water au large de Nice, un soir dans les fonds sablo-vaseux de l’Espiguette, les équipes du Seaquarium s’immergent tout l’été pour connaitre et partager la biodiversité de Méditerranée.
Jeudi soir dernier, le 17 juillet au Grau du roi, sous l’eau il fait frais !
Avec une eau à 16° sous 12 mètres de profondeur, l’épisode caniculaire semble terminé. Autre fait remarquable : la Téthys, limace de mer emblématique de ces fonds, qui ne s’observe qu’en hiver, réapparait en plein mois de juillet.
« Cette semaine la température de l’eau a chuté.En plein été, apercevoir cette limace, qui ne s’observe habituellement qu’en hiver peut laisser penser que pendant la période estivale elle cherche l’eau fraiche, surement en profondeur mais elle semble être bien là ! »
Grondins, rascasses, hippocampes dont un mâle plein (en gestation) révèle la richesse de ce milieu. Et bien que les raies se soient faites discrètes, leur sangsues bien visibles (Branchellion torpedinis) trahissent leur présence sous le sable. Mais la torpille marbrée est bien présente.
Il y a de la vie sur le banc de sable de l’Espiguette. Les fonds sablo – vaseux, à chaque plongée de suivi, des dizaines d’espèces sont observées !
Mais d’où provient le sable qui constitue cet écosystème ?
Le Rhône déverse 390 000 tonnes de sédiments/ an qui, inexorablement, ensablent la baie ! Le Symadrem est l’un des organismes en charge d’étudier le futur trait de côte dû à l’afflux de sable, pour la gestion de ces phénomènes et l’évolution de la baie.
Canicule marine dans la baie d’Aigues-Mortes c’est fini ?
Jean marc Groul, directeur du Seaquarium nous explique :
« La canicule marine est un phénomène ponctuel, c’est un épisode. Contrairement au réchauffement climatique* qui est lent et continu. Le déclenchement de ces épisodes est une combinaison complexe principalement dû par les vents, la chaleur intense et les courants marins. Il devient dangereux quand il dure, surtout pour les espèces fixées »
Cette semaine l’eau s’est considérablement rafraichie passant de 27 degrés en surface et 21 degrés à 12 mètres de profondeur à 22 degrés en surface et 16° à 12 m de profondeur, expliqué par l’épisode d’orages, pluies et vents de Nord-Ouest du long week-end passé (12 au 14 juillet).
À ne pas confondre avec le réchauffement climatique qui, par définition, est un phénomène causé par les gaz à effet de serre émis par les humains. Il se traduit par une augmentation de la température moyenne de l’atmosphère depuis les années 1850 et en découle l’augmentation des températures moyennes des océans.
Plongée Black Water au large de Nice, un bouillon de vie bioluminescent dans l’eau noire
Les black water sont des plongées de nuit au large, en pleine eau. L’intérêt est d’observer la migration verticale du zooplancton qui remonte chaque nuit des profondeurs.
C’est au large de Nice que les équipes se sont immergées en pleine nuit noire, dans les eaux de méditerranée. 1000 m de fonds sous les pieds, au-dessus du Canyon du Var. Une vie étrange, lumineuse et colorée se révèle sous les flashs des plongeurs.
« C’est un véritable bouillon de vie, des tourbillons de formes paraissant extraterrestres. C’est une immensité où le minuscule domine, des millions d’organismes vivants entourent la vie »
Petits isopodes, méduse endémique, apparentée à Solmissus et Pelagia, présentant de longs filaments hydraires ainsi qu’une chélophye appendiculée (Chelophyes appendiculata). Parmi les cténaires, on note la présence de Bolinopsis.
Le Pyrosome, reconnaissable à sa teinte rouge est également présent. On peut également observer l’Idotée métallique, ainsi que le ptéropode ou encore les mollusque Créseis acidula (famille des Creseidae)mais aussi, malheureusement, des bouts de plastiques parmi le zooplancton. Ici, la plongée offre aux équipes un autre univers
Pyrosome – Anne Pechmeja
« On voit toute la base de la chaine alimentaire avec tous les groupes d’organismes. » nous confie l’équipe du Seaquarium
« Suivant les époques la vie change, il y a des espèces que je vois d’habitude que je n’ai pas vu aujourd’hui et d’autres que je ne vois jamais qui étaient présentes cette nuit » atteste Stéphane Jamme, biologiste marin et fondateur les Aquanautes.
Cette plongée en Black Water est une nouvelle ouverture sur de nouvelles observations mais surtout un bel exemple pour les équipes du Seaquarium de la biodiversité insoupçonnée qui peuple nos océans.