Expositions

Photogrammes

La mission Partage des savoirs et le CNRS présentent vingt épreuves photographiques associées chacune à une succincte présentation de la recherche scientifique qui a présidé à la création de chaque photogramme.

Audrey Mompo, photographe et plasticienne, explore depuis quelques années la technique du photogramme. Cette technique de photographie originale s'effectue sans contact ni appareil de prise de vue et consiste à poser directement des objets ou des matières sur du papier photosensible en chambre noire.

A l'origine du projet :

La série "photogrammes" a débuté en 2010 grâce à un partenariat entre le CNRS et le Festival ManifestO avec la production de sept oeuvres.

Audrey Mompo avait alors reconstituer au moyen de photogrammes de denrées alimentaires, des images réalisées dans des laboratoires de recherche scientifique. Le spectateur était saisi par la similitude entre les clichés des scientifiques et les photogrammes créés par l’artiste, qui pointait ainsi les similarités des expériences du spectateur face à ces deux catégories d’images : mystère, onirisme et étrangeté étaient quelques-unes des impressions communes émanant des deux corpus. Le protocole démontrait également combien deux photographies similaires de visu pouvaient provenir de réalités radicalement différentes. La série originale de sept photogrammes s’est enrichie de trois nouvelles images dans le cadre d’une nouvelle collaboration avec le CNRS.

Le défi d'adapter le projet au domaine des sciences sociales :

En 2016, à la demande de l’Université Toulouse Capitole, Audrey Mompo poursuit cette série à partir d’images confiées par des chercheurs en sciences sociales. Cette fois, toujours à partir de photogramme d’aliments, elle mène une habile reconstitution de documents issus de la recherche en droit, en informatique, en gestion ou encore en économie. Pour représenter des diagrammes restituant les résultats d’une étude sur la perception de la féminité et de la masculinité, Audrey Mompo dessine des courbes de sirops de grenadine et de menthe sur une plaque de verre posée sur un papier photosensible. La translucidité des liquides visqueux différant selon le parfum, elle obtient deux nuances différentes symbolisant le féminin et le masculin.

De même, la simulation de l’accroissement d’une cellule est imitée par des bonbons Dragibus tandis que des feuilles de salade feignent une carte modélisant l’expansion de la ville de Toronto sur une zone protégée. La réécriture d’un texte de loi en moutarde ne manque quant à elle pas de piquant. L’opposition entre les sérieuses études et les choix culinaires provoque une dimension humoristique voire narrative selon l’imagination et les jeux d’association auxquels le spectateur voudra bien se livrer. Mais le travail d’Audrey Mompo ne s’arrête pas là. À partir d’outils de recherche issus des sciences sociales, elle opère un déplacement vers les analyses portant sur son propre outil de travail : la photographie.

Julie Martin, critique et commissaire d’exposition

Au sein de l'UT Capitole, dix chercheurs issus de neuf laboratoires ou groupes de recherche ont participé au projet artistique :

Mikaël Akimowicz, LEREPS

Jean-François Bonnefon, TSE-IAST

Laurence Calandri, IDET-Com

Céline Castets-Renard, IRDEIC

Daniel Chen, TSE-IAST

Yves Duthen, IRIT

Carlos Gutierrez, IRIT

Christophe Paulin, CDA

Samppa Suoniemi, CRM

Mathieu Touzeil-Divina, IMH

Lieu : Manufacture des Tabacs, Accueil de la Bibliothèque Universitaire, Toulouse.