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La fin de l’émigration ? Le cas d’un village chinois

Publié par Mondes Sociaux, le 18 décembre 2020   810

article par Anne-Christine Trémon


Étudier l’émigration chinoise du point de vue d’une région de départ offre un regard nouveau sur les phénomènes migratoires concernant ce pays. Elle permet d’analyser les évolutions du lien entre le lieu de départ dans une Chine en pleine croissance économique et les membres de la diaspora qui cherchent à conserver un lien avec un supposé ancêtre commun.

L’enquête d’anthropologie historique menée à Shenzhen, en Chine, de 2011 à 2017, prend le contre-pied des tendances prédominantes dans le champ des études migratoires. Tout d’abord, elle rend compte de l’émigration depuis la région de départ – une démarche dont l’intérêt a été souligné par des spécialistes tels qu’Abdelmalek Sayad ou Douglas Massey, mais qui n’est que rarement mise en œuvre.

Ensuite, les travaux qui adoptent la perspective de l’émigration portent généralement sur des régions connaissant une forte émigration, et interrogent les facteurs et motivations de ces départs. Cette enquête s’intéresse au contraire à une région qui a été, pendant très longtemps, émettrice de flux migratoires majeurs à l’échelle mondiale, mais où le désir d’émigrer  a diminué – et où le sens donné à l’émigration a changé.

Si les économistes du développement privilégient l’étude des causes de l’émigration, comme par exemple la pauvreté, les démographes s’intéressent de leur côté aux réseaux sociaux qui alimentent les flux migratoires et privilégient certaines destinations. Les anthropologues, attachés à restituer la multidimensionnalité des faits sociaux, étudient quant à eux ces mêmes éléments mais tentent également de restituer les représentations, c’est-à-dire les valeurs et les significations associées au fait de quitter son lieu d’origine, les contraintes sociales et les imaginaires qui entourent l’émigration. En conséquence, cette étude rend compte de l’affaiblissement de la « relation diasporique », c’est-à-dire de l’ensemble des liens de parenté, moraux et économiques des émigrés, dans la Chine de l’ère des réformes et de l’ouverture.

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