Retour sur l'apéro #6 des Brasseurs de sciences : "Sciences & évènements"

Publié par Léna Robert, le 18 avril 2018   2.1k

Pour ce 6ème Brasseurs de sciences qui a eu lieu jeudi 29 avril 2018, nous nous sommes tous retrouvés dans un nouveau lieu, un bar à jeux : le BlastoDice. Cette fois-ci, une quarantaine de personnes sont venues discuter et échanger autour de la thématique « science et évènements ».  (Illustrations : Sarah Debaud)

Ce soir là, ce n’est pas trois, ni quatre mais bien cinq intervenants qui ont fait le déplacement et qui sont au rendez-vous pour partager leurs expériences : 

  • Sandy AUPETIT (Quai des Savoirs) et Morgane BOUTERRE (Science Animation) : sur le festival « Pint of Science » ou comment démystifier la recherche scientifique et la faire découvrir au grand public dans un cadre détendu. 

   

Un défi pour les doctorants : « Ma Thèse en 180 secondes » 

La soirée débute donc avec Alice DUQUESNOY, chargée de communication à l’Université Fédérale Toulouse Midi-Pyrénées, qui nous présente le concept de cet évènement « Ma thèse en 180 secondes ». 

Mené par le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et la Conférence des Présidents d’université (CPU), « MT180 » est un évènement international et francophone qui s’adresse aux doctorants de toutes les disciplines confondues. 

Leur objectif (vous l’aurez peut être déjà compris) : présenter leur sujet de thèse en 180 secondes et pas une de plus.

Maaaais… Vous en conviendrez, ce n’est pas si simple de se retrouver seul face au public et qui plus est, sur la scène d’un théâtre. Cela demande un accompagnement pour travailler son aisance scénique et sa présentation orale. Les doctorants suivent donc plusieurs ateliers de formation pour les préparer au jour J, que ce soit par des exercices de théâtre et des activités de vulgarisation scientifique. 

Lors de leur présentation, les doctorants seront évalués sur plusieurs critères : la vulgarisation et l’accessibilité de leur présentation (vis-à-vis du contenu), la pluridisciplinarité, leur aisance scénique, leur support visuel, etc.  

Cette année, 50 doctorants se sont inscrits à Toulouse pour participer à l’évènement et seuls les 18 meilleurs ont été présélectionnés (par les participants eux-mêmes) pour participer à la finale académique, sur la scène du Théâtre Sorano. 

Le 13 juin prochain, c’est au cœur même de la ville rose, au Théâtre National de Toulouse qu’aura lieu la grande finale nationale.

   

Rencontrer les acteurs de la recherche avec « La Nuit Européenne des Chercheurs.es » 

Et c’est au tour d’Hélène PIERRE de nous présenter l’évènement sur lequel elle travaille. 

Organisée depuis 2005 et initiée par la Commission Européenne, la « Nuit Européenne des Chercheurs.es » a pour vocation de faire découvrir les sciences à tous et d’inciter les jeunes à s’orienter dans des carrières scientifiques. 

Ce qui fait l’identité de cet évènement, c’est de mettre en avant les chercheurs en tant qu’individus, de privilégier un format convivial de rencontre avec le public et de montrer pourquoi la recherche est une passion pour eux.

Lors de cette soirée festive et chaleureuse, les visiteurs se rassemblent autour d’animations diverses : ateliers, manips, stand-up sur scène, expériences participatives, stands, speed-searching, etc. 

Pour élaborer toute la programmation de l’évènement, un consortium de 13 partenaires nationaux a été établi afin de définir une thématique et choisir les dispositifs de médiation qui favoriseront l’émergence de nouvelles formes de dialogue adaptées à chaque chercheur.

La mobilisation des intervenants passe par un appel à participation et cinq formations de vulgarisation leurs sont proposées afin de les accompagner dans la préparation de cette rencontre. 

Côté organisation interne, elle démarre dès le mois de janvier et ce jusqu’au 28 septembre, le jour J de l’évènement où près de 4500 visiteurs seront attendus. 

Cette année, la « Nuit Européenne des Chercheurs.es » aura lieu à la Cité de l’Espace et 250 chercheurs seront mobilisés sur l’évènement.

   

Démystifier la recherche scientifique grâce à « Pint of Science » 

S’en suit la présentation conjointe de Sandy AUPETIT et Morgane BOUTERRE qui travaillent respectivement sur la coordination de « Pint of Science » à Grenoble et Toulouse.  

Le principe du festival « Pint of Science » est de démystifier la recherche scientifique et la faire découvrir au grand public dans un cadre détendu, autour d’un verre dans un bar.

Le concept est né en 2012 en Angleterre et vient de l’idée originale de deux neuroscientifiques qui ont souhaité sortir la science et ses acteurs des murs du laboratoire en allant au devant du public. À l’initiative d’Élodie Chabrol, « Pint of Science » est arrivé en France en 2014, tout d’abord à Paris, Bordeaux et Lyon. 

Cette année en 2018, plus de 40 villes et 21 pays à travers le monde accueilleront l’évènement le 14, 15 et 16 mai prochain. Il s’agira de la 4ème édition à Grenoble et de la 2nd à Toulouse. 

En ce qui concerne l’organisation, le festival est porté par des bénévoles (avec une 20aine de membres pour Grenoble et une équipe plus centrale à Toulouse). Développeur web, chargé de communication, doctorants et chercheurs sont donc mobilisés pour mener à bien l’évènement. 

Quel est le format de ces rencontres ? Pour chacune des soirées, deux intervenants (doctorant et/ou chercheur) viennent présenter leur sujet de recherche, leur travail et leur quotidien tout en mettant un accent particulier sur le temps d’échange avec le public. Un temps d’animation est également prévu entre chaque présentation pour privilégier le format festival : festif et convivial. 

Tous les sujets et toutes les thématiques scientifiques peuvent être traités lors de ces soirées : du spatial, aux neurosciences, en passant par les sciences de la Terre jusqu’à la chimie. Sans oublier les sciences humaines et sociales qui font AUSSI parties de la programmation !  

Il s’agit là de toucher toutes les personnes pouvant être intéressées par les sciences, mais également tout ceux qui ne sont pas forcément scientifiques, mais curieux des sujets qui peuvent être proposés.

L’un des objectifs est donc de cibler en particulier les clients des bars (en passant notamment par les réseaux sociaux) pour toucher un public plus large et des personnes qui n’ont pas forcément l’habitude d’entendre parler de science.

   

Comment inciter les jeunes et les néophytes à faire des sciences ? 

La réponse avec notre cinquième et dernier intervenant : Éric COUFFIN (Planète Sciences Occitanie) qui nous propose de faire un retour d’expériences sur plusieurs projets menés par sa structure. 

Deux niveaux d’approche sont privilégiés à travers leurs évènements, à savoir :

  •   1er niveau : valoriser des projets en mettant en relation des jeunes et des scientifiques.

Un premier exemple avec « Les trophées de la robotique » dont l’objectif est de réussir à amener des jeunes sur un défi qui servira de prétexte pour faire des sciences et de la technique, dans des lieux emblématiques ou tout du moins, qui sont très en lien avec les sciences (comme la Cité de l’Espace). 

Les « Défis solaires » sont quant à eux à destination des primaires, collèges et lycées. Le principe de l’évènement est de montrer l’efficacité de l’énergie solaire avec une petite voiture en faisant le maximum de distance grâce au soleil.

Cet évènement est devenu emblématique avec une thématique qui est très en vogue mais d’autres formes d’énergie sont également présentées lors des animations.

En amont, des formations techniques sont proposées aux enseignants pour les former individuellement à la conception de ces fameuses voitures solaires.

Chaque année, de nouveaux établissements se joignent à l’évènement, que ce soit par le biais du Rectorat ou du bouche-à-oreille. Bien évidemment, Éric précise qu’il n’y a pas de solution miracle pour inciter de nouveaux collèges et lycées à participer chaque année, sinon on le saurait tous !


  • 2ème niveau : amener les néophytes à faire des sciences.   

La « Nuit des étoiles » est un bon exemple et a permis de rassembler près de 6200 personnes à la Cité de l’Espace. Là, différentes approches sur l’astronomie sont proposées comme des séances de planétarium, toujours dans l’idée de proposer un événement de CST populaire à un public pouvant être composé de spécialistes comme de néophytes. 

Finalement, l’objectif de ces évènements est de proposer plusieurs approches de valorisation de projets ET de sensibilisation aux sciences.

   

Place aux questions ! 

« Si vous deviez sélectionner le pire moment d’un évènement que vous avez organisé, quel serait-il ? »

Éric : C’était lors des « Défis solaires », sur le parking de la Cité de l’Espace, aux alentours de fin mai/début juin, la coordinatrice de l’évènement a voulu tout installer sous le soleil, sans mettre de chapeau « Ne vous en faites pas, moi je supporte la chaleur, pas de soucis ! »… Résultat : une insolation et 3 jours sans coordinatrice… 

 

Illustration : Sarah Debaud        

Alice : À « MT180 », de grands tubes transparents avaient été installés pour permettre au public de voter. Sauf qu’ils ne tenaient pas debout, ce qui a contraint 5 personnes à devoir surveiller et tenir les tubes tout la soirée pour ne pas qu’ils tombent… 

Hélène : Des totems de signalétique en carton avaient été installés dans un chapiteau à la Cité de l’Espace pour la « Nuit Européenne des Chercheurs.es ». Mais l’humidité accumulée toute la nuit sous le chapiteau a eu raison des totems qui étaient vraiment dans un sale état le lendemain… L’équipe était donc bien fatiguée avant même d’avoir commencé l’évènement… 

Sandy : Quelques sueurs froides se sont faites ressentir il y a peu lors de la présentation des programmes de « Pint of Science » à Grenoble, juste avant leur clôture, car deux des bars se sont désistés au dernier moment, à quelques jours de la fin…  

Morgane : À Toulouse, c’est un bar qui a été planté! (rires) L’une des bénévoles qui coordonnait les soirées d’un bar n’a pas apprécié l’ambiance du lieu et encore moins les bières qu’ils proposaient... Ce qui a donc valu un petit changement de dernière minute !


« Avez-vous des difficultés à mobilier les chercheurs ? »

Alice : Non, car les doctorants doivent déjà faire un certain nombre de formations qui leur rapportent des crédits et leur permettent de pouvoir soutenir leur thèse. Celle spécifique à « MT180 » en fait partie et il n’y a pas non plus besoin de faire une communication très dense sur l’évènement qui est déjà relativement médiatisé.

Hélène : Pour eux, participer à « La Nuit Européenne des Chercheurs.es » est une forme de reconnaissance institutionnelle où ils peuvent s’approprier l’évènement qui leur est propre. Et le bouche-à-oreille entre eux fonctionne désormais si bien que toute une équipe d’un labo (20 personnes) s’est retrouvée à tenir un stand.

Sandy : Globalement, il n’y a pas trop de soucis pour mobiliser les chercheurs sur « Pint of Science » car un appel à participation est diffusé et il y a également un accompagnement tout au long du projet.

Morgane : À noter également que « Pint of Science » est un évènement qui est censé faire venir des scientifiques au sens large : des chercheurs, des doctorants, mais aussi des ingénieurs et d’autres professionnels des sciences. Le but est de les faire intervenir indépendamment de leur structure.

   

« Les évènements grossissent, grossissent, et à quel moment peut-il y avoir des limites de fréquentation » ?

Hélène : Il y a eu une réduction des stands de moitié pour favoriser une ambiance conviviale, pour monter des animations sous un format plus léger et pour renforcer le format café/discussion avec le speed searching. À la Cité de l’Espace, ce sera également possible de proposer des choses à l’extérieur pour accueillir plus de monde.

Morgane : Si on veut rester sur un format « discussion » et convivial, on va privilégier la qualité à la quantité. La solution pour « Pint of Science » c’est d’exporter l’évènement dans d’autres villes.

Éric : Pour les « Défis solaires », on va dans d’autres départements avec « À Ciel Ouvert » pour trouver d’autres acteurs locaux et faire des partenariats. L’idée est de trouver des relais pour dupliquer l’évènement ailleurs.

  

« Vous êtes plusieurs à parler de formation, est-ce la clé pour les intervenants/doctorants/chercheurs ? »

Alice : Pour « MT180 », les formations sont indispensables car c’est un gros challenge pour les doctorants qui doivent se retrouver seul sur la scène !

Éric : C’est dans nos gènes ! Dans les formations, on fait intervenir des professionnels qui sont des pépites en pédagogie et qui ne se placent pas dans la posture de formateurs mais qui se focalisent davantage sur l’échange en cassant quelques codes notamment vis-à-vis de la médiation face public.

Hélène : Les formations permettent de donner des conseils aux chercheurs pour qu’ils puissent transmettre plus facilement leurs connaissances.

Morgane : Pour « Pint of Science », un document national leur est transmis pour les accompagner. Néanmoins l’ambiance d’un bar n’est pas toujours évidente à gérer et des rencontres avec les intervenants sont proposées en amont pour anticiper avec eux les éventuels problèmes techniques du jour J et discuter du format de leurs interventions. L’année dernière, un chercheur était venu uniquement avec une maquette d’avion en demandant directement au public de poser ses questions.

Il n’y a pas de recette magique !

  

Le TOP 5 des conseils à retenir 

« Selon vous, quel conseil doit-on retenir si l’on souhaite organiser une événement de CST grand public ? » 

  • Être très organisé et rigoureux (Hélène)
  • Se mettre à la place du public pour connaitre ses attentes et ne pas se dire « je vais faire ça et ça va leur plaire » (Alice)
  • Réfléchir au positionnement de son événement, ce qui va faire qu’il va se démarque (Morgane)
  • Rester déterminé, du début à la fin (Sandy)
  • Choisir un endroit où l’on est certain qu’il y aura du public (Éric)

 

En bonus : Un conseil à retenir pour les brasseurs :  il ne faut plus faire de rencontres dans les grands bars car bien qu’il y ait une ambiance festive, ON NE S’ENTEND PAS !

   

Quelques idées de thématiques pour les prochains brasseurs ? 

  • Sciences et polémiques
  • La fabrication de la bière
  • Sciences et jeune public
  • Sciences et éthique
  • Sciences et esprit critique
  • Sciences et audiovisuel
  • Sciences de demain,
  • Sciences et conflits d’intérêt 

 

  1, 2, 3… Pitchez !

  Petit rappel du concept : présenter en 2 minutes son projet de médiation/communication. 

  • Audrey ouvre le bal pour nous rappeler que l’AMCSTI propose actuellement un MOOC « atelier médiation et critique » et également que l’appel à projet pour participer à la Fête de la Science est lancé !  Pour toutes propositions d’animations, le rendez-vous se fait sur le site de Science Animation.
  • Puis Fanélie nous propose de venir participer à un débat et forum citoyens pour parler des technologies dans notre quotidien : « L’être humain face aux défis des technosciences ». Ce sera à Purpan et les inscriptions sont possibles directement sur le site internet.
  • C’est ensuite au tour d’Annabel de nous parler du 8ème Forum régional CLIC France qui aura lieu à Toulouse le 15 mai prochain sur la thématique du numérique en médiation. Différents sujets seront abordés tels que : les données personnelles, les data, l’utilisation pour du marketing culturel, la nouvelle tendance des escape game, etc.
  • Quant à Sophie, elle nous présente le « Science Comedy Show ». Présenté sous la forme d’un stand up humoristique, il permet d’attirer le grand public pour découvrir la science de façon originale. C’est 1h30 de spectacle et plusieurs thèmes sont possibles selon la demande. Pour tout renseignement,  il faut contacter : Mathieu Pouget  via Twitter ou Facebook.
  • Et enfin Samuel conclut cette soirée en annonçant que l’équipe de l’Eurêkafé est toujours vivante et l’ouverture est imminente, courant avril. Pour les curieux, rendez-vous donc au : 24 rue Gambetta, près de 140m² seront dédiés et ouverts à tous types d’évènements.

  

Rendez-vous au prochain « Brasseurs de sciences » qui aura lieu à l'Eurêkafé le mercredi 25 avril autour de la thématique « Jeux de société, jeux vidéo, jeux de rôle... Le jeu comme outil de médiation » ! :-)