« Il est important d’expliquer aux jeunes que ce métier est envisageable pour eux ! » Marie Brut, phycisienne au LAAS

Publié par Echosciences Occitanie, le 6 février 2018   2.2k

La semaine du 5 au 11 février 2018,  une série d'animations grand public est organisée dans plusieurs lieux de Toulouse et de sa banlieue pour fêter la Journée internationale des Femmes et des Filles en Sciences. Pour l'occasion, nous rencontrons une des intervenantes, Marie Brut, une physicienne passionnée qui souhaite démocratiser cette discipline auprès des jeunes.


       Aussi loin qu’elle se souvienne, Marie a toujours été attirée par l’ensemble des sciences. Petite, elle cherche à répondre à toute sorte de questions. Pour ce faire, elle se plonge  dans d’interminables lectures. Finalement, c’est la physique qui inspire davantage cette curieuse de nature  : « je reste convaincue qu’il s’agit du domaine scientifique qui permet d’expliquer tout le reste » s'émerveille Marie.

   Très attirée par la génétique et la biologie moléculaire, Marie cherche à concilier ces deux disciplines pour la fin de son parcours universitaire : « j’ai intégré DEA en nanophysique qui avait une composante pour la biologie. J’ai pu ainsi étudier la physique, mais appliquée à des domaines biologiques. C’est ce que je fais encore aujourd’hui et c'est ce choix de parcours qui m’a permis de concilier les deux domaines que j'affectionne beaucoup » complète la phycisienne.

   Aujourd'hui, en tant que chargée de recherche au Laboratoire d'Analyse et d'Architecture des Systèmes de Toulouse, Marie travaille sur la modélisation à l'échelle atomique dans des domaines de la biologie, et plus particulièrement sur des protéines ou encore sur de l’ADN. Il s’agit essentiellement de modélisation calculatoire sur des molécules biologiques qui peuvent avoir des applications différentes. Par exemple, une application dans le domaine de la pharmacologie avec un travail important sur la compréhension du fonctionnement et/ou du dysfonctionnement des protéines : « le but est de comprendre pourquoi une protéine fonctionne et pourquoi elle ne fonctionne pas.  Ainsi, il est possible de les faire à nouveau fonctionner grâce à l’aide de médicaments. » explique-t-elle.

   Véritablement passionnée par son métier de chercheuse, Marie essaye de transmettre pendant ses cours à la faculté ce qui fût, dès le départ, une évidence pour elle. Cependant, un constat l'alarme particulièrement. Elle se demande pourquoi les jeunes filles sont si peu nombreuses dans ses classes de physique, d’autant plus que, durant son propre parcours universitaire, elle constatait déjà cette sous-représentativité féminine. Une sous-représentativité qu’elle retrouve désormais dans son laboratoire : « je donne des cours de physique aussi bien à des étudiant.e.s en physique qu’en biologie. Lorsque je rentre dans une salle de physique, c’est toujours le même constat ! Les garçons sont majoritaires à l'inverse des classes de biologie […] Au laboratoire, très peu de femmes travaillent dans le domaine de la physique, ce qui est très différent dans les laboratoires de biologies ! » constate la chercheuse.

   Pour répondre à ses questions, mais aussi pour tenter de changer la donne, Marie rejoint l’association Femmes & Sciences - une association qui cherche à promouvoir les sciences et les techniques auprès des femmes et aussi promouvoir les femmes dans les sciences et les techniques : « je voulais rencontrer des personnes qui pouvaient m’expliquer d’où provenait cette nette différence [...] j’avais aussi envie de rencontrer des jeunes pour parler de mon expérience, pour essayer de comprendre leurs choix ! » confie-t-elle.

   Après deux ans d’interventions dans des collèges et lycées, Marie trouve quelques réponses à ses premiers questionnements. Finalement, elle regrette le pouvoir que peuvent avoir les stéréotypes de notre société qui « sont ancrés  dès l’enfance ! ». Un jour, lors d'une intervention en milieu scolaire, un échange avec une élève la surprend particulièrement : « elle m'expliquait qu’elle souhaitait devenir assistante vétérinaire. Je lui ai alors demandé pourquoi elle n'ambitionnait pas de devenir carrément vétérinaire. Finalement, en discutant avec elle, j’ai rapidement compris que cela ne lui était jamais venu à l’esprit tout simplement. » glisse Marie chagrinée.

   Pour tenter de rééquilibrer la balance, la phycisienne reste convaincue qu’il est déterminant d’aider les jeunes à se poser des questions, et ceci, aussi bien dans l'enseignement des sciences que dans l'accompagnement à l'orientation : « en tant que chercheur.e.s, il est important d’expliquer à ces jeunes que ce métier est tout à fait envisageable pour eux. Je trouve terrible d’entendre chez les jeunes que les sciences ne sont pas faites pour eux ou que telle discipline n’est pas faite pour eux. Je leur demande alors pourquoi ils affirment cela ! À chaque fois, ils ne savent pas répondre, car finalement, ils ne se posent jamais la question... » conclut Marie.

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