Les sciences citoyennes, une contre-culture en marche

Publié par Université de Montpellier UM, le 31 mai 2016   2.1k

Volontiers indépendantes, basées sur l’implication de citoyens volontaires, les « sciences citoyennes » n’ont pas peur de se dire révolutionnaires. Ni de susciter la polémique….

Si les sciences participatives s’inscrivent pleinement dans un cadre institutionnel - des programmes définis par des chercheurs, pour des chercheurs - les sciences citoyennes réclament un statut à part. « Elles revendiquent l’existence d’un savoir hors les murs, ébranlent l’ordre établi par la recherche académique et questionnent la légitimité des savoirs », explique Vincent Devictor, écologue et philosophe.

Leur credo : refuser que les savoirs soient confisqués par les institutions. « Les partisans des sciences citoyennes inventent de nouvelles façons de s’organiser, sur un mode beaucoup plus participatif, sans hiérarchie, précise Guillaume Bagnolini, philosophe des sciences. La méthode scientifique reste la même mais le mode de gouvernance change pour adopter un modèle associatif. Du jamais vu dans l’histoire de la science ».

Biologie open-source

En pratique ? Les amateurs de science citoyenne s’organisent en laboratoires communautaires où chacun amène ses projets de recherche. Parmi eux, des curieux de science, des amateurs éclairés, mais aussi des chercheurs. « Certains investissent ces laboratoires alternatifs parce qu’ils ne sont pas totalement en accord avec la façon dont la recherche est pratiquée », explique Guillaume Bagnolini. Nombre d’entre eux s’intéressent notamment au biohacking, « un courant qui vise à mettre à portée de tous les données scientifiques liées à la biologie ».

Un domaine où la science citoyenne est souvent considérée comme de la « biologie de garage ». « On y pratique le matériel de récup et le système D », explique Guillaume Bagnolini. « On y trouve le pire, mais aussi le meilleur ! Car des projets superbes émergent parfois », précise Vincent Devictor. De l’encre biologique au détecteur de paludisme à la portée de toutes les bourses en passant par les piles vertes, les innovations qui sortent des labos communautaires n’auraient peut-être pas pu être inventées ailleurs...

Photo : Le laboratoire communautaire La Paillasse Saône CC by SA



Retrouvez cet article dans LUM, le magazine science et société de l'Université de Montpellier.

Vous souhaitez recevoir chaque numéro du magazine Lum en version papier ? Envoyez un simple mail précisant vos coordonnées à aline.periault@umontpellier.fr