Les eaux de la Côte Vermeille recèlent de nombreux trésors : une nouvelle microalgue verte s’invite dans la biodiversité locale.

Publié par Observatoire Océanologique de Banyuls/Mer, le 12 septembre 2018   1.3k

Invisible à l’œil nu, une nouvelle espèce de microalgue a été découverte dans l’estuaire de la Massane dans les Pyrénées Orientales. L’équipe de recherche GENOPHY de l’Observatoire Océanologique de Banyuls sur mer – Laboratoire Arago (SU/CNRS), qui a fait cette découverte, a pu retrouver ses empreintes moléculaires (ADN) dans les eaux voisines, au large de Banyuls-sur-Mer, mais aussi dans les étangs de Leucate et de La Palme. Cette microalgue s’adapte aux eaux douces comme aux eaux marines. Sa présence dans les eaux de la Côte Vermeille lui a valu d’être baptisée Picochlorum costavermella. Des examens en laboratoire ont montré que cette nouvelle espèce a une tolérance étonnante aux variations de température par rapport aux précédentes microalgues vertes isolées dans la région, comme Ostreococcus tauri. En effet, une augmentation de température de 20 à 35°C affecte à peine sa croissance, alors que cette augmentation est fatale pour la plupart des microalgues. 

Cette microalgue est tellement minuscule qu’elle est classée dans le groupe des pico-algues, avec une taille de l’ordre du millième de millimètre. 

Pourquoi s’intéresser à ces invisibles ? L’intérêt pour ces pico-algues est croissant depuis la réalisation de leur importance écologique dans l’écosystème marin, où elles forment la base de la chaine alimentaire. Elles sont également d’excellentes candidates à de nombreuses applications biotechnologiques dans le domaine de la santé, comme leur utilisation pour la synthèse de lipides de type alpha omega 3, mais aussi dans le domaine des biocarburants. Pour pouvoir analyser ces ressources génétiques naturelles, il est indispensable de maintenir les cultures de microalgues en vie après leur prélèvement et leur analyse génétique. C’est ainsi que plus d’une centaine de cultures sont maintenues toute l’année au sein de l’algothèque de l’équipe GENOPHY de l’Observatoire Océanologique de Banyuls/Mer – Laboratoire Arago (SU/CNRS).

Cette nouvelle découverte met en lumière tout le chemin qu’il reste à parcourir pour estimer la biodiversité des microorganismes marins. En effet, la diversité de ces picoalgues marines est largement sous-estimée et l’équipe continue le sondage des eaux de la côte vermeille, et d’eaux plus lointaines pour identifier de nouvelles invisibles dans les années à venir.

Ces travaux de recherche ont fait l’objet de deux publications estivales dans des revues internationales Algal Research et Genome Biology and Evolution.

Contact

gwenael.piganeau@obs-banyuls.fr
Directeure de recherche CNRS
UMR7232 – Observatoire Océanologique de Banyuls/Mer - Laboratoire Arago (SU/CNRS)
66650 Banyuls-sur-Mer


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