Les avancées contemporaines de l'Intelligence Artificielle

Publié par Hélène Varet, le 3 décembre 2018   1.4k

Nous n’avons pas encore trouvé la possibilité de reproduire la conscience humaine. L’intelligence artificielle en est pourtant au stade de pouvoir créer la confusion entre réalisation humaine et robotique ! Prenons l’exemple de cette œuvre d’art contemporaine, réalisée intégralement par l’intelligence artificielle, ayant optimisé le rendu afin qu’il ne soit plus possible de le différencier de celui d’une œuvre humaine « Portrait d’Edmond Bellamy » du 25 octobre 2018.

Portrait d’Edmond Bellamy
© Portrait d’Edmond Bellamy- 25 octobre 2018


L’intelligence artificielle est un thème très porteur. Il est donc intéressant de pouvoir en comprendre les enjeux et les failles, à l’occasion des différentes conférences données au mois de novembre à Toulouse. La première, en date du 5 novembre, portait sur « les défis de l’Intelligence Artificielle à la Propriété Intellectuelle ». La seconde, le 14 novembre, lors de la rencontre « Diversidays » avec des talents du numérique, évoquant l’éthique dans l’intelligence artificielle (IA).


A l'origine...

C’est à l’origine Norbert Wiener - mathématicien - qui la met au point dans les années 1940 comme une science du fonctionnement de l’esprit humain. La capacité d’apprentissage a été ajoutée comme compétence à l’IA dès 1949 par Donald Hebb.  Elle se définit à ce jour comme l’ensemble des théories et des techniques mises en œuvre en vue de réaliser des machines capables d’effectuer des tâches qui permettent des processus de haut niveau. Bref, il s’agit d’outils combinant des algorithmes complexes, une puissance de calcul, donc des outils informatiques et mathématiques. Pour exister, elle a également besoin d’une communication et d’un traitement des données en réseau. C’est une des raisons pour lesquelles elle se développe si vite, aujourd'hui, à l’aube du tout connecté et du cloud.


Quelques chiffres...

Le chiffre d’affaire généré par les technologies de l’IA, c’est 4,8 milliards de dollar en 2017 et une prévision à 89,9 milliards pour 2025. Naturellement, l’enjeu économique entraîne une envie de privatisation. A ce titre, une augmentation de 43% des dépôts de brevets européens a été enregistrée entre 2011 et 2016 (source OEB décembre 2017). Les leaders, l’Europe et les Etats-Unis, présentent à eux seuls 60% de l’ensemble des dépôts de brevets. La France à elle seule capitalise 10% des dépôts !


Limites et dérives contemporaines...

Pourtant, le développement de cette forme d’intelligence n’est pas sans risque. Sont actuellement pointées du doigt tant les limites juridiques que les dérives engendrées – comme cela a été présenté dans les conférences – de cette intelligence artificielle.

En effet, la première question est la titularité des droits. Reprenons l’exemple du « Portrait d’Edmond Bellamy » est-ce l’artiste à l’origine du projet le titulaire ? La machine ? Le développeur ?

De même, au niveau de la responsabilité pour une voiture autonome. En cas d’accident, qui est responsable ? La personne à l’initiative du projet ? Le développeur de l’algorithme posant les conditions ? Le constructeur ?

Quant aux dérives, elles sont principalement éthiques. Le big data permet aujourd’hui une conservation des données dans différents buts ; où s’arrête le progrès, où commence le voyeurisme ? Anna Choury, ingénieur et mathématicienne, est à l’origine de la technologie des voitures autonomes. Pourtant, elle a abandonné le projet lorsqu’il lui a été demandé de détecter les comportements des conducteurs, afin de déterminer les bons et les mauvais. Elle pointe également une autre dérive qui concerne la discrimination engendrée par l’intelligence artificielle. Les algorithmes sont créés pour reproduire ce qu’ils observent. Dès lors, si dans un secteur une catégorie de personnes n’est pas représentée, l’IA aura tendance à l’exclure d’elle-même. Mme Choury a donc décidé de développer une application (Maathics) permettant de détecter les discriminations enduites par l’IA afin de les éviter.

Arend Hintze (professeur en biologie intégrative et ingénierie informatique) distinguait 4 étapes à l’IA. La réactivité, la mémoire limitée, la théorie de l’esprit et la quatrième, pas encore atteinte, l’auto-conscience. Finalement, on pourrait donc finir par reproduire intégralement les capacités du cerveau humain, ce qui faisait dire à Stephen Hawking « je pense que le développement d’une intelligence artificielle complète pourrait mettre fin à la race humaine ».

L’avenir nous le dira… 


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