Le plastique et la tortue

Publié par Université de Montpellier UM, le 2 juillet 2019   2.2k

Tortue de mer avalant un sac en plastique ressemblant beaucoup à une méduse qui est l’un de ses aliments naturels. Océan Atlantique.

© Paulo de Oliveira – Biosphoto

En France, 85 % des tortues marines ont ingéré des déchets plastiques issus de notre consommation courante. C’est le constat alarmant que dressent les chercheurs du projet européen INDICIT qui étudient la présence de plastique dans l’appareil digestif de ces animaux marins.

« Emballages de gâteaux, bâtons de sucette, cotons-tiges, bouchons, bouteilles de sauce salade, sacs poubelle, morceaux de gobelets… » Autant d’objets jetables que Gaëlle Darmon, chercheuse au Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive (CEFE) ne s’attendait pas à trouver quasi-systématiquement dans l’appareil digestif des tortues.

Des tortues qui flottent

Depuis bientôt 2 ans, la chercheuse et ses collègues traquent la présence de plastique dans l’appareil digestif des tortues marines. D’après les premières conclusions de ce projet baptisé INDICIT (Indicator Impact Turtle), 60 % des mille tortues caouannes observées ont ingéré des déchets plastiques. « Cela varie entre 25 et 85 % selon les pays, explique Gaëlle Darmon, avec un taux autour de 80 – 85 % pour la France, l’Italie et l’Espagne. On atteint même 100 % très localement en Méditerranéenne française. »

Avec des conséquences lourdes pour ces animaux emblématiques de la faune marine. « Si les morts directes par occlusion ou perforation intestinale ne s’observent que dans 1 ou 2 % des cas, l’ingestion de plastique a d’autres conséquences graves sur la santé », constate la chercheuse. Les plastiques contenus dans leur tube digestif empêchent notamment les tortues de s’alimenter et de se déplacer normalement. « On a vu des tortues qui flottaient et qui n’arrivaient plus à plonger à cause des plastiques qui font des bulles d’air. »

Une étude menée dans sept pays

Pour mener ce projet, une centaine d’acteurs dans sept pays ont été mobilisés. En France – où le projet est piloté par le CNRS – en Italie, en Espagne, au Portugal, en Grèce, en Turquie ou encore en Tunisie, les chercheurs de dix laboratoires se sont associés à des centres de soins ou des réseaux d’échouage. « Grâce à eux nous avons pu procéder à des autopsies des tortues mortes et étudier les excréments des tortues amenées vivantes dans les centres de soin », explique Gaëlle Darmon.

À Montpellier, ces observations ont été rendues possibles grâce au Centre d’études et de sauvegarde des tortues marines de Méditerranée (CESTMed) basé au Grau du Roi et au Réseau des tortues marines de Méditerranée française (RTMMF).

L’étude terminée en janvier 2019 permettra, selon la chercheuse, de « dresser un état des lieux des pollutions sur la zone Atlantique et Méditerranée afin d’évaluer l’efficacité des mesures qui seront prises », mais aussi et surtout de sensibiliser le public à « l’urgence de réduire notre consommation d’objets à usage unique ».