La rétine dans la ligne de mire d’Acusurgical

Publié par Université de Montpellier UM, le 15 octobre 2020   920

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Hébergée sur le site du Laboratoire d’informatique, de robotique et de microélectronique de Montpellier (Lirmm), la start-up Acusurgical travaille à la conception d’un nouveau robot médical. Sa spécialité : la chirurgie rétinienne. Un domaine que cette innovation promet de révolutionner en multipliant par dix la précision du geste.

« Certaines microchirurgies de l’œil exigent tellement de précision dans le geste qu’elles restent, aujourd’hui encore, réservées à une élite de chirurgien. » Et donc à une minorité de patients. C’est ce constat exposé par Yassine Haddab, spécialiste de la robotique de précision et chercheur au Lirmm, qui pose la base de la start-up montpelliéraine Acusurgical.

A l’origine il y a Christoph Spuhler, ingénieur zurichois passé par Med Tech, la société de Bertin Nahoum. Il perçoit, au cours de ses différentes expériences la possibilité d’élargir le champ de la microchirurgie de l’œil à de nouvelles pathologies avec l’aide de la robotique. « Intervenir sur la rétine est un acte qui comporte beaucoup de risques et qui, parfois, n’est même pas accessible à la main. » Son idée : concevoir un robot capable de reproduire le geste humain avec plus de précision et de sureté et sans le moindre tremblement.

De la robotique à l’usage clinique

En 2017, Christoph Spuhler prend contact avec le LIRMM, un laboratoire dont il connait la grande expertise dans le domaine de la robotique chirurgicale. Il commence alors à travailler avec Yassine Haddab et Philippe Poignet, spécialiste de robotique chirurgicale et directeur du Lirmm. En mai 2018, grâce au financement de la SATT Axlr, tous les trois débutent le projet de maturation qui conduira 2 ans plus tard à la création de la start-up Acusurgical. Ils en sont co-fondateurs avec deux chirurgiens de Saint Etienne qui ont rejoint l’équipe entre temps pour apporter leur expertise clinique. Au recrutement de trois ingénieurs financés grâce au projet de maturation s’ajoute, grâce à un financement de Muse, dans la cadre du programme Companies on Campus, celui d’un spécialiste de l’imagerie OCT (Optical Coherence Tomography) sur une période de 12 mois.

Le projet Rectinoct associe ainsi l’imagerie, la robotique et bien sûr le savoir-faire du chirurgien. Un microscope capte l’image de la rétine du patient et la retransmet, via un écran, au praticien qui reproduit les gestes habituels de l’opération. Pas d’outil chirurgical dans sa main mais une sorte de joystick intégré dans une console, elle-même reliée au robot qui réalise, instantanément, le geste chirurgical sur le patient. « Le robot peut faire dix fois mieux que la main du chirurgien, explique Philippe Poignet. Il nous permet d’aller beaucoup plus loin en matière de précision mais aussi de sureté de fonctionnement. »

Elargir à d’autres pathologies

A la clé : la possibilité de soigner non seulement mieux mais aussi plus. « Cela ouvre des possibilités thérapeutiques pour des pathologies qui ne pouvaient jusque-là être soignées par la chirurgie » poursuit le directeur. Membrane épi-rétienne (MER), trous maculaires, rétinopathies diabétiques ou encore DMLA (dégénérescence maculaire liée à l’âge) sont autant de pathologies qui pourraient bénéficier de cette innovation.

Expérimentée sur des lapins au CHU de Saint Etienne en février dernier, les premiers essais de cette technologie sur l’homme sont prévus fin 2021 pour une commercialisation en 2023. « Nous espérons que la procédure de marquage CE permettant la mise sur le marché européen sera validée en 2022. Nous visons le marché international, nous lancerons donc la demande de marquage FDA pour le marché américain à la suite » explique Christoph Spuhler qui, à l’image de son robot, ouvre à la chirurgie rétinienne de nouveaux horizons.