La mer à boire

Publié par Université de Montpellier UM, le 6 juin 2016   1.9k

Transformer l’eau de mer en eau potable grâce à un procédé écologique et économique, c’est le défi relevé par les chercheurs, les étudiants de Polytech et Montpellier Engineering.

L’accès à l’eau potable est un enjeu majeur pour des millions d’habitants de notre planète. Et le réchauffement climatique n’arrange rien : selon les experts de l’ONU la planète devrait faire face à un déficit global en eau de 40% d’ici à 2030. L’eau recouvre pourtant 70% de la surface de la Terre… sous la forme des mers et des océans. Imbuvable ? Peut-être pas. « Depuis les années 1950 on sait transformer l’eau salée en eau douce grâce à des procédés intensifs de dessalement », explique Marc Héran, enseignant à Polytech et chercheur à l’Institut européen des membranes (IEM). Problème : les usines de dessalement consomment énormément d’énergie. « Une énergie majoritairement issue du pétrole, d’un point de vue écologique ce n’est pas viable ».

Choisir l’énergie solaire

La solution ? Une unité de dessalement qui fonctionne à l’énergie solaire. Baptisée Dunetec, cette technologie innovante est développée par les chercheurs et les étudiants de Polytech avec la société Montpellier Engineering. « Grâce à l’énergie solaire, on fait chauffer l’eau de mer afin d’obtenir son évaporation puis sa condensation. A la sortie on obtient de l’eau douce », explique Jean Pierre Mericq, chercheur à l’IEM et enseignant à Polytech. Un principe simple mais un vrai défi technologique, « il fallait optimiser le processus d’évaporation pour obtenir un maximum d’eau douce en utilisant un minimum d’énergie et en prenant le moins de place possible », détaille André Chrysochoos du laboratoire de mécanique et génie civil, également enseignant à Polytech.

Une douzaine d’étudiants issus de différentes filières de l’école d’ingénieur ont contribué à relever le défi. « C’est un projet transdisciplinaire qui nécessite des compétences dans le domaine de l’eau mais également en modélisation, en électronique, ou encore en traitement de l’information », soulignent les enseignants. Une collaboration qui a donné naissance à un prototype actuellement testé à Port-la-Nouvelle.

Solution locale pour pénurie globale

Étape suivante : proposer cette technologie à des régions qui bénéficient d’un fort taux d’ensoleillement et d’un accès à la mer. Les zones visées dans un premier temps : le Sud de l’Espagne et les îles grecques. « Une unité de dessalement devrait pouvoir subvenir aux besoins en eau potable d’un village de 200 personnes », explique Laurent Trémel, président de Montpellier Engineering, qui met en avant un des avantages de Dunetec : la simplicité d’utilisation. « La maintenance et l’entretien peuvent ainsi être assurés de manière autonome par les populations locales. »


Retrouvez cet article dans LUM, le magazine science et société de l'Université de Montpellier.

Vous souhaitez recevoir chaque numéro du magazine Lum en version papier ? Envoyez un simple mail précisant vos coordonnées à aline.periault@umontpellier.fr