Interventions non-médicamenteuses : soigner autrement

Publié par Université de Montpellier UM, le 20 octobre 2017   1.3k

Un programme d’activité physique pour traiter une dépression ? De l’hypnose pour arrêter le tabac ? Les interventions non médicamenteuses (INM) gagnent en crédit, auprès de la communauté scientifique comme des professionnels de santé. Une révolution en marche ?

On les appelait jadis médecines douces, remèdes de grand-mère ou encore thérapies alternatives, un florilège d’appellations vagues qui ont le don d’agacer Grégory Ninot. Pour ce chercheur au laboratoire Epsylon de Montpellier, il est temps de sortir du flou qui a longtemps entouré des solutions thérapeutiques à l’efficacité parfois connue, mais jamais démontrée. « Il s’agissait d’un savoir empirique, transmis de maître à élève sans véritable évaluation par la science et compréhension des mécanismes sous-jacents. Cela a conduit à ce que les croyances et les effets de mode prennent le pas sur de véritables pratiques de santé fondées sur la science » retrace Grégory Ninot.

Dérives et dangers

L’enjeu est de taille, car ces INM recouvrant des pratiques aussi variées que la méditation, les thérapies nutritionnelles, le thermalisme, les objets connectés santé, les programmes d’’activité physique ou les actions de prévention représentent un espoir : celui d’une thérapeutique moins unilatérale, moins invasive et plus adaptée aux spécificités de chacun. Attention, prévient toutefois ce spécialiste : « les INM ne sont que rarement des alternatives mais bien des compléments aux traitements biologiques ». Et les exemples de dérives sont légion. « Dans le cancer en particulier, on dit beaucoup que le recours à des compléments alimentaires va avoir des effets significatifs sur la guérison, mais les études cliniques sérieuses font défaut. Certains orientent vers des pratiques comme les sports de combat pour la prévention de la récidive, une fois encore sans preuve… » La prudence est de mise donc, même pour des pratiques à première vue inoffensives : les huiles essentielles, par exemple, qui peuvent se révéler toxiques si un dosage précis n’est pas respecté.

A l’arrivée : des patients fragiles abusés, et une crédibilité émoussée. D’où l’urgence de séparer le bon grain de l’ivraie. C’est précisément l’objectif de la plateforme CEPS de Montpellier, une structure unique en France financée par le contrat de plan Etat-Région et soutenue par la Métropole de Montpellier. Sa mission : contribuer à faire émerger un paradigme consensuel d’évaluation et de surveillance des INM. « Il faut faire ce qui a été fait il y a 50 ans pour le médicament en créant un processus consensuel de validation clinique. Aujourd’hui, 19 procédures cohabitent dans les INM, ce qui rend impossible la comparaison de leurs bénéfices, leurs risques, leurs coûts-efficacité » explique Grégory Ninot.

Du soin à la prévention

Prouver l’efficacité des INM serait un premier pas vers leur remboursement. Car l’enjeu est aussi financier : régimes ou programme d’activités physiques adaptées sont autant d’INM contribuant à prévenir l’apparition de maladies chroniques particulièrement coûteuses pour la collectivité. En vrac, le diabète, l’obésité, le cancer ou les maladies cardio-vasculaires, des affections en nette augmentation, aujourd’hui responsables de 63 % des décès dans le monde.