Il trouve une hache vieille de 4 000 ans dans le champ familial grâce à son détecteur de métaux

Publié par Laurent Mogard, le 14 mai 2025   36

Grâce à la curiosité et à la persévérance d’un amateur éclairé, un morceau d’histoire écossaise millénaire refait surface, illustrant la valeur patrimoniale des recherches menées avec passion et rigueur. Ce type de découverte souligne l’importance d’encadrer les pratiques de détection de métaux tout en encourageant leur contribution à la recherche historique, lorsque celle-ci est menée dans le respect des règles et en collaboration avec les institutions compétentes.

Un simple cadeau de Noël s’est transformé en découverte archéologique majeure. Cameron Anderson, Écossais de 45 ans passionné de détection, a mis au jour une hache de l’âge du bronze dans la ferme familiale, située dans l’Aberdeenshire. Une trouvaille extraordinaire, faite en plusieurs étapes, qui offre une fenêtre fascinante sur les sociétés anciennes du nord de l’Écosse.

Une passion de longue date récompensée

Depuis vingt ans, Cameron Anderson arpente les sols à la recherche d’objets enfouis. Mais c’est en fin d’année 2024, à la suite d’un cadeau de Noël offert par sa femme (un détecteur de métaux plus performant ), que sa persévérance a été récompensée. Ce jour-là, alors qu’il explorait l’un des champs de la ferme familiale à Turriff, l’appareil a capté un signal intrigant. Il n’a pas hésité, suivant la devise bien connue des détectoristes : "En cas de doute, déterrez-le."

Sous environ 30 centimètres de terre, il découvre ce qu’il reconnaît aussitôt comme l’extrémité d’une tête de hache ancienne. Une pièce en métal qu’il identifie presque instinctivement comme appartenant à l’âge du bronze, bien qu’il n’imagine pas encore l’ampleur de sa découverte.

"C'est de loin la chose la plus ancienne et la plus importante que j'ai trouvée", confie-t-il avec enthousiasme.

Stéphane Charpentier, ancien prospecteur aurifère et ancien formateur auprès d'autres prospecteurs en Afrique, confirme dans son blog que des objets, même très ancien, peuvent se retrouver relativement en surface de par le mouvement même du sol, par les micro vibrations et les aléas climatiques (vent, pluie, ...), et qu'il est tout à fait possible de trouver ce genre d'objets avec un simple détecteur de métaux

Une hache en trois morceaux… et 4 000 ans d’histoire

L’histoire ne s’arrête pas à cette première trouvaille. Anderson revient sur place le lendemain, motivé par la certitude qu’il reste d’autres fragments à découvrir. Il finit par mettre au jour le manche de l’arme, puis, au terme de plusieurs jours de recherches minutieuses, un dernier éclat situé entre les deux parties principales. Il assemble les morceaux comme un puzzle : "Le puzzle a été complété après 4 000 ans."

Ce n’est qu’après avoir réuni les trois éléments qu’il alerte les autorités compétentes. En Écosse, toute découverte archéologique doit être déclarée auprès du Treasure Trove Scotland, une institution qui œuvre à la protection et la valorisation du patrimoine historique. Rapidement, les experts confirment l’importance de la trouvaille : la hache remonte à l’âge du bronze, entre 3 800 et 4 200 ans avant notre époque.

Fait intrigant, les spécialistes des Musées nationaux d'Écosse à Édimbourg notent que la hache pourrait avoir été volontairement brisée avant son enfouissement. Un porte-parole du Treasure Trove Scotland évoque une hypothèse rituelle, fréquente dans les pratiques symboliques de cette époque :

"Il est possible que la hache ait été délibérément coupée en morceaux à l'âge du bronze avant d'être enfouie."

Un témoignage rare de la transition entre deux âges

Cette tête de hache, même fragmentée, offre un précieux éclairage sur une période charnière de l’histoire humaine : le passage de l’âge de pierre à l’âge du bronze. Selon Bruce Mann, spécialiste de l’environnement historique local, de telles pièces sont considérées comme des objets prestigieux. Elles permettent aux chercheurs de mieux comprendre les évolutions technologiques, sociales et économiques des communautés préhistoriques.

"Le passage de l'ancien monde de la pierre au nouveau monde du métal a dû avoir un impact profond sur les sociétés de l'époque", explique-t-il. "Qu'elles soient coulées localement ou importées, ces pièces donnent un aperçu fascinant de la vie à cette époque."

L’analyse métallurgique actuellement menée par les équipes scientifiques vise à déterminer l’origine du métal utilisé et les techniques de fabrication de la hache. Cela pourrait notamment permettre d’identifier d’éventuels réseaux d’échange ou des influences culturelles extérieures dans cette région écossaise.

La localisation précise de la découverte – dans une ferme tenue depuis des générations par la même famille – ajoute une dimension émotive à cette histoire. Pour Anderson, cette hache ne représente pas seulement un objet ancien, mais un lien direct avec l’histoire locale :

"C’est notre propre histoire ici", affirme-t-il avec fierté.

Une future pièce maîtresse d’un musée local ?

Si la hache appartient désormais à l’État écossais, selon les lois en vigueur sur les biens culturels, Cameron Anderson espère qu’elle pourra être exposée dans un musée local, au plus près de son lieu de découverte. Le but est clair : partager cette trouvaille avec la communauté et susciter l’intérêt du public pour l’histoire ancienne de la région.

Les équipes du Treasure Trove Scotland travaillent actuellement à documenter, restaurer et analyser en détail les trois fragments de la hache. Une fois cette phase terminée, une décision sera prise quant à sa mise en valeur dans une institution muséale. Si le souhait d’Anderson est exaucé, la hache pourrait devenir un symbole régional fort, témoin de la richesse archéologique enfouie dans les campagnes écossaises.

Ce genre de découverte vient rappeler que les trésors historiques ne se cachent pas toujours dans les lieux spectaculaires ou les sites célèbres. Parfois, il suffit de creuser dans son propre jardin, ou presque, pour toucher du doigt un fragment de civilisation ancienne.