Du yoga au programme

Publié par Université de Montpellier UM, le 20 juillet 2021   520

Comment favoriser une éducation qui considère l’enfant et l’adolescent dans leur globalité, avec des apprentissages cognitifs mais aussi physiques et émotionnels ? Pourquoi pas grâce au yoga ? Une activité plébiscitée lors du confinement, qui pourrait trouver toute sa place à l’école.

Activité sportive, éveil spirituel, art de vivre, le yoga est devenu une « activité-monde » en plein essor. « Pendant le confinement, le mot « yoga » fut l’un des plus demandés dans les moteurs de recherche », explique Sylvain Wagnon. Et ses bénéfices ne sont plus à démontrer. « Il améliore l’attention, la concentration, la gestion du stress et des émotions, notamment en réduisant le niveau de cortisol, l’hormone du stress », détaille le chercheur du Laboratoire interdisciplinaire de recherche en didactique, éducation et formation (Lirdef*). Des qualités qui pourraient lui ouvrir les portes de l’école.

« La pratique du yoga est déjà intégrée à l’école dans certains pays d’Europe du Nord mais la France est très en retard », déplore Sylvain Wagnon. En cause ? « Un système scolaire qui a toujours laissé de côté la question du corps et des émotions pour se focaliser sur les savoirs cognitifs : lire, écrire, compter. » L’éducation physique et sportive ? « Certes présente, elle est cependant souvent considérée comme moins importante, comme s’il y avait une hiérarchie entre les activités cognitives et corporelles. Au final c’est toute une dimension qui est laissée de côté et c’est préjudiciable à un développement harmonieux. »

Cercle vertueux

Dans les pays où le yoga est intégré à l’école, ses effets positifs sur les apprentissages sont pourtant largement reconnus, « tout comme ses apports au bien-être des élèves et des enseignants », souligne Sylvain Wagnon. Les élèves apprennent à être tactiles, respirer, se relaxer, être calmes. « Ces pratiques créent un climat différent pour les enfants comme pour les enseignants, plus serein, favorable à la gestion des conflits. » Et donc plus propice aux apprentissages. « Un véritable cercle vertueux. »

Si certains écoliers de l’Hexagone sont déjà rentrés dans ce cercle, ayant eu l’opportunité d’adopter la position du chien tête en bas à l’école, il reste pour l’instant difficile de quantifier la place du yoga dans les enseignements en maternelle, primaire et secondaire. « Les premières initiatives visant à introduire le yoga à l’école ont été portées par des enseignants qui le pratiquaient eux-mêmes, mais combien sont-ils ? Nous sommes en train d’entreprendre une étude pour quantifier cet essor encore mal connu en France », souligne le chercheur, accompagné dans ce travail par Sihame Chkair, doctorante en sciences de l’éducation qui consacre sa thèse à la question de l’intégration des pratiques alternatives – dont le yoga – dans l’enseignement public.

Propositions concrètes

La doctorante étudie l’introduction du yoga auprès des élèves du lycée Jules Ferry à Montpellier. « Avec des retours très positifs, y compris de la part des équipes éducatives, rapporte Sylvain Wagnon. Actuellement, de plus en plus d’enseignants soulignent l’intérêt du yoga pour un travail coordonné sur la respiration et la connaissance de son corps. » Mais comment transposer et généraliser ces pratiques ? Et comment intégrer pleinement le yoga dans les enseignements ? « C’est justement notre objectif : faire des propositions concrètes au Ministère de l’éducation pour trouver une vraie place pour le yoga à l’école. » Afin que tous les enfants et adolescents bénéficient de ce cercle vertueux. Namaste.


Pour en savoir plus :


*Lirdef : Equipe d’accueil 3749 (UM – Université Paul-Valéry Montpellier 3)