Le monnayage des Namnètes

Publié par maxime legardez, le 12 avril 2022   1k

Les Namnètes sont un peuple gaulois de l’ouest de la Gaule, dont le territoire correspond approximativement à la partie nord du département de la Loire-Atlantique. Ils ont donné leur nom à la ville de Nantes, Naoned en breton. Les connaissances que l’on a de ce peuple sont limitées en raison du peu d’intérêt des Romains pour ce peuple mineur ainsi que de la faible quantité de références tant au niveau des auteurs antiques qu’en termes de découvertes archéologiques.

La plus ancienne inscription a été trouvée à Worms. Il s’agit de la stèle funéraire d’un cavalier auxiliaire de l’armée romaine, mort entre 30 et 40: Argiotalus. Une autre stèle funéraire de Namnète a été trouvée à Dompierre-les-Églises, en Haute-Vienne. Quant aux stèles funéraires locales, on n’y trouve pas de référence à la cité des Namnètes, qui est implicite. Quelques autres inscriptions en revanche peuvent inclure le mot Namnète, mais souvent sous forme abrégée (cas extrême : la mention « CN » pour CIVITAS NAMNETUM).

On retrouvera ce nom sur des triens mérovingiens. Les pièces de monnaie namnètes d’époque celtique (Ier siècle av. J.-C.) sont elles dépourvues de texte (anépigraphes). Vers 360, la source de la Table de Peutinger mentionne la ville de Portunamnetu, c’est-à-dire Portu(s) Namnetu(m) ou Portu(s) Namnet(or)u(m), «Port des Namnètes» : le nom même de la ville affirme alors ses fonctions économiques et politiques. Nantes occupe une position éminente et stratégique à l’extrémité sud-ouest d’un promontoire baigné par l’Erdre, à l’ouest, et par le Seil de Mauves, au sud, un bras de l’estuaire de la Sèvre et/ou de la Loire aujourd’hui comblé, qui longeait le château des ducs de Bretagne.

Les Namnètes étaient une tribu secondaire, située au nord de la Loire et dépendante des puissants Vénètes, qui contrôlaient le débouché de la Loire et le commerce de l’étain avec les îles britanniques (port de Corbilo, encore mal situé, dans la zone de la Grande Brière, encore zone de mer à l’époque). Les Namnètes n’ont acquis de territoire distinct qu’après la conquête de la Gaule par César. Leur territoire sera constitué de la moitié est de celui des Vénètes, sur la rive droite de la Loire, et sera inclus dans la province “Lyonnaise IIIème”.

Les Namnètes apparaissent dans l’histoire lors de la guerre des Gaules ; ils occupent leur territoire au plus tôt au Ve siècle av. J.-C., date de l’arrivée des Celtes en Gaule. Mais selon l’interprétation donnée ci-dessus au texte de Ptolémée, leur présence dans le Pays nantais pourrait ne remonter qu’à la fin du IIe siècle av. J.-C. ou au début du Ier siècle av. J.-C., quelques décennies seulement avant la conquête romaine. Dans sa Guerre des Gaules, Jules César indique qu’au printemps -56, les Namnètes, entre autres, ont accepté la demande d’alliance faite par les Vénètes pour combattre l’armée romaine et la flotte que César faisait construire, sans doute sur l’estuaire de la Loire.

La bataille navale qui s’ensuit est remportée par Decimus Brutus, commandant de la flotte romaine. Par ailleurs, les légionnaires romains, conduits par César lui-même, ont dû traverser le territoire namnète en se rendant du pays andécaves vers le pays vénète, sans doute en passant par Blain. La légende locale dit aussi que César aurait assisté à la bataille navale depuis la pointe du Castelli (commune de Piriac-sur-Mer). Après cette campagne, les Namnètes ne sont plus mentionnés par César.

Leur absence parmi les peuples qui contribuent à l’effort de guerre de Vercingétorix est un élément qui permet de penser qu’ils se sont soumis à l’autorité romaine dès avant la fin de la Guerre des Gaules. Après la victoire définitive de César, le peuple des Namnètes est considéré comme ennemi par les Romains et subit un certain nombre de rétorsions, au profit des Pictons, leurs alliés. Ceux-ci reçoivent le contrôle de la rive sud de la Loire où ils vont promouvoir le port et la ville de Ratiatum (Rezé), attestée comme ville dès le règne d’Auguste. Dans le cadre de la domination romaine de la Gaule, le peuple des Namnètes devient la cité des Namnètes (civitas Namnetum), qui relève d’abord de la province de la Gaule lyonnaise dont le chef-lieu est Lyon, ville qui est en même temps la métropole des trois Gaules (Belgique, Lyonnaise, Aquitaine), la Narbonnaise restant à part.

Chaque année, un représentant de la cité des Namnètes se rendait à Lyon pour participer au Conseil des Gaules, assemblée d’abord religieuse, mais aussi politique, qui avait lieu le 1er août. Sur le plan du statut politique, la cité des Namnètes, comme la plupart des cités des Trois Gaules, est soumise au contrôle étroit du gouverneur de la province. Ses membres sont, à titre individuel, des pérégrines, c’est-à-dire des sujets libres, susceptibles de devenir des citoyens romains comme Argiotalus, hélas mort avant les 25 années de service qui lui auraient permis de devenir citoyen romain. Cette situation dure jusqu’à l’édit de Caracalla (212), qui donne la citoyenneté romaine à tous les hommes libres de l’Empire. Sur le plan fiscal, c’est une cité stipendiaire, soumise au tribut. La cité des Namnètes semble être restée soumise lors de la révolte de Sacrovir en 20-21, mouvement qui a pourtant touché les cités des Andécaves et des Turons.

Le monnayage Namnète

Les fouilles recensées dans la Carte Archéologique de la Gaule indiquent qu’en territoire namnète, l’or ne circule pas et fait l’objet d’une thésaurisation, notamment dans les campagnes. C’est une valeur refuge et les monnaies divisionnaires sont rares. Ceci explique qu’aucun bronze ou potin ne soit attribué à cette tribu si ce n’est ce bronze au cavalier dont l’attribution récente exacte reste tout de même à démontrer. Vous l’aurez compris, les Namnètes ont essentiellement frappé des monnaies en argent et surtout en electrum (alliage or et argent) mais pas de monnaies d’or. Les métaux dont les gisements sont situés en territoire namnète sont payés en or par les Romains mais cet or ne semble pas réutilisé par les Namnètes pour acquérir de biens de consommation romains.

Source : le magazine de détection de métaux le fouilleur