Futurapolis : art et technologie font bon ménage !

Publié par Sarah Ruz Munoz, le 2 décembre 2018   1.4k

C’est l’événement de novembre à Toulouse : Futurapolis ! Du 16 au 17 novembre, la ville rose s’anime de conférences et d’animations gratuites et ouvertes à tous, au Quai des Savoirs, à la Faculté de Médecine et au Muséum d'Histoire Naturelle.

Retour (et rebondissements) sur “Les Liaisons fructueuses entre l’art et la technologie”, une conférence passionnante animée par Christophe Ono-dit-Biot (directeur adjoint de la Rédaction Le Point et écrivain) qui a réuni :

La réalité virtuelle au cœur de l’art 

2017, Festival de Cannes. On entre dans une salle obscure, on retire ses chaussures et on s’équipe de son casque de réalité virtuelle. Nos pieds s’enfoncent dans le sable chaud. Soudain, une alarme retentit. C’est le début d’une expérience cinématographique inédite pour la Croisette. Avec Carne y Arena, film de 6 minutes sur l’immigration aux États-Unis, Alejandro Inarritu bouleverse le confort du spectateur. Il va même plus loin : il l’implique physiquement dans l’urgence de la survie.

Présentation de Carne y Arena
"Virtuellement présent, physiquement invisible" : Alejandro Inarritu présente Carne y Arena à Mexico (src Secretaría de Cultura Ciudad de México, licence CC)

L’exemple avec lequel Christophe Ono-dit-Biot ouvre la conférence est frappant en ce qu’il souligne d’emblée l’enjeu de la réalité virtuelle dans l’expérience artistique. Adieu le spectateur passif, engoncé dans son siège, place au spectateur “agent”, immergé dans l’œuvre… ou l’Histoire !

C’est l’autre découverte de cette conférence, présentée cette fois par Guerric Poncet : grâce à la start-up française Iconem, en 2017, le public français a pu visiter la Cité antique de Palmyre au Grand Palais. Après avoir récolté plus de 20 000 images du site, Yves Ubelmann, architecte, et Philippe Barthelemy, pilote, s’engagent dans un travail de reconstitution virtuelle par photogrammétrie : une technique qui permet de mesurer les dimensions d'objets à partir de photographies. Une initiative qui marque l’intérêt de la technologie dans la sauvegarde du patrimoine et permet de s’inscrire dans une médiation scientifique innovante.

Le premier album d’une intelligence artificielle 

Membre invité de cette conférence, François Pachet est l’homme à qui on doit le premier album composé par une intelligence artificielle. Nommé Hello World en référence au langage de programmation, l’album sorti début 2018 est en réalité le fruit d’une collaboration entre des artistes, des compositeurs et Flow Machine, un programme d’intelligence artificielle. François Pachet insiste toutefois : la technologie n’est surtout pas là pour remplacer l’homme ! Mais quel est donc son rôle ?

C’est simple : elle propose à l’artiste de sortir de sa “bulle”. Devant l’obsession du renouveau et de l’originalité dans la musique pop et mainstream, l’intelligence artificielle s’intègre au processus de composition comme une source de création supplémentaire. Le résultat est pour le moins bluffant.

On reconnaît bien en partie le style de Stromae, l'une des têtes d'affiche de cette création, mais aurait-on soupçonné la présence d'une IA à la composition ?

L’art, la technologie… et l’éthique ?

Plus de 380 000 euros, c’est le prix auquel s’est vendu le portrait d’Edmond de Bellamy aux enchères. Un prix dans les moyennes des grandes œuvres. Et si vous appreniez que l’artiste était une intelligence artificielle ? Le véritable responsable, c’est le collectif Obvious, qui utilise les algorithmes GAN : réseaux antagonistes génératifs en français, qui datent de 2014 et permettent l'apprentissage non-supervisé des intelligences artificielles. Le processus est bien défini : sélection de données, création d’image, entraînement et production. La réaction des médias ne s’est pas fait attendre, au-delà même de l’enjeu financier : peut-on parler d'art ?

Ce n’est pourtant pas la première fois qu’une intelligence artificielle se met à la peinture. L’autre projet évoqué pendant la conférence est l’aboutissement d’une collaboration entre historiens de l’art, scientifiques et développeurs : “The Next Rembrandt” ! Cette fois, le défi consistait alors, en 2016, à réaliser un tableau du célèbre peintre néerlandais. Résultat ? Voyez par vous-mêmes. 

The Next Rembrandt par le collectif Obvious
The Next Rembrandt par le collectif Obvious (src ING Group, licence CC)


Si les interrogations éthiques ne sont pas absentes du débat sur les “liaisons fructueuses” entre l’art et la technologie, les intervenants ont ainsi pris soin de nuancer le propos. Non seulement, les machines ont toujours fait partie de la création artistique, mais en plus, rien ne se créée jamais entièrement par le biais technologique. Nous sommes encore loin de payer nos places pour le concert d’une intelligence artificielle...

Pour aller plus loin

Si vous souhaitez découvrir la conférence en vidéo, rendez-vous en ligne pour le replay ! Pour les curieux et les passionnés, Futurapolis revient l'année prochaine pour sa huitième édition. Patience...

Image en une : par Franck V. sur Unsplash