10 bonnes idées dans l'Expo Archéo au musée Saint Raymond de Toulouse

Publié par Culture Eval, le 13 mars 2016   2.1k

Dans cet article subjectif (mais argumenté, restons sérieux tout de même), Cultur[E]val liste 10 bonnes idées (sélectionnées parmi une liste plus exhaustive) présentes dans l’expo Archéo : ce sont des idées de scénographie, de muséographie, et de médiations qui prouvent la qualité de cette exposition (au Musée Saint-Raymond jusqu'au 25 septembre 2016).

Bonne idée N°1 : La démystification du métier d’archéologue

Autant dire que dès que vous rentrez dans l’espace d’exposition, vous rentrez dans la peau d'un archéologue. Mais attention, pas un archéologue fantasmé, pas une icône de film, pas un personnage en carton pâte, non, vous êtes un archéologue, un vrai de vrai ! Avec sa vraie panoplie : Casque de chantier et gilet fluo (oubliez la veste en cuir et le fouet). L’exposition vous explique ses outils, ses méthodes et les procédures publiques auxquelles il doit s’adapter. Et la bonne idée, c’est de ne pas se servir des idées communes, des fantasmes de masse pour capter un public qui serait déçu de ne pas devoir fuir une boule de pierre géante. Mais où est le sexy, me diriez-vous ? J’y viens avec la bonne idée n°2.


On peut être en gilet jaune, tout en restant tendance, la preuve !

On peut être en gilet jaune, tout en restant tendance, la preuve !






Bonne idée N°2 : Donner du mystère

Si on démystifie le métier d’archéologue, on n’en dénature pas ses missions. Et ce sont ces missions qui sont remplies de mystères : De quelle période est extrait le fragment d’objet retrouvé ? A qui appartenait ce morceau de cubitus ? Comment vivait nos ancêtres, ces gaulois ? Pleins de questions auxquelles l’archéologue doit répondre, pleins de découvertes qu'il doit faire. Et, dans cette exposition, l’archéologue, c’est vous !

Bonne idée N°3 : Créer l’ambiance

Comme vous êtes l’archéologue, et que l’on va vous mettre au boulot pour résoudre tous ces mystères, autant vous placer dans votre environnement de travail. Et cet environnement, c’est le chantier de fouilles. L’exposition vous immerge donc dans un chantier de fouilles, avec son bazar, ces cônes de signalisation, ses gilets fluos, son échafaudage, le bruit des pelleteuses qui creusent. Tout pour s’y croire. Pénible ? Du tout, c’est pris avec humour, l’équipe ayant, par exemple, poussé le vice au point de repeindre un petit local technique en cabine de toilettes de chantier. Plus vrai que nature.

Bonne Idée N°4 : Exploiter intelligemment l'outil numérique

Ici, pas de tablette tactile individuelle où l’interactivité se limite à votre doigt appuyant sur des contenus, et vous prenant 30 minutes sans rien faire pour les lire. Il n’y a dans cette exposition que de l’interactivité, de la vraie ! Sous quatre formes : la restauration d’un vase (bonne idée n°5), chronomania (bonne idée n°6), le sol de l’entrée (quand vous arrivez dans l’entrée, prenez votre temps : au sol vos pieds creusent petit à petit une terre virtuelle, et vous découvrez des squelettes et autres items enterrés), et la projection des couches stratigraphiques (devant le très grand bac de fouilles (bonne idée N°7), une tablette tactile vous propose d’ « illuminez l’histoire » : en appuyant sur des numéros, vous projetez sur le mur une lumière surlignant la couche correspondante ainsi que l’explication de sa datation, disponible à la vue de tous).

Bonne idée N°5 : La restauration du vase

Un dispositif interactif que je ne connaissais pas et qui a ses défauts (il faut de la patience et de la maitrise de soi pour le compléter), mais qui est assez innovant. Vous devez reconstruire un vase (par niveaux de difficulté, voir la bonne idée n°8) à l’aide de vos mains –jusque là rien de nouveau sous le soleil me diriez-vous- sauf que vous ne pouvez pas toucher le vase, ni l’écran : en fait, un capteur reconnait vos mains et leurs mouvements, et, en les bougeant, vous bouger les morceaux de vases virtuels qui apparaissent sur l’écran. C’est marrant (parfois frustrant) à faire et l’espace d’un instant vous vous imaginez en Tony Stark devant ses hologrammes.

Bonne idée N°6 : Chronomania

Vous connaissez le jeu Timeline (le jeu de cartes ou vous devez, avec vos amis, replacer des évènements dans leur chronologie) ? Et ben Chronomania est un peu sa version numérique ! Ce dispositif, sous la forme d’une grande table tactile, et emprunté à Cap Sciences, vous permet d’y jouer à 6 visiteurs simultanément. Et en jouant à replacer ces dates d’histoires et d’archéologie, il est facile de parler et débattre avec vos amis ou d’autres visiteurs. Un dispositif numérique interactif qui ne ferme pas toutes conversations entre visiteurs. Très plaisant !

Bonne idée N°7 : Le Bac de fouilles

Un grand bac de sable est installé au fond de la salle, accessible uniquement en présence de médiateurs, qui sont là pendant la durée d’ouverture de l’exposition. Plus pour les enfants que pour un adulte seul (hypothèse à vérifier), ce bac à sable permet encore une fois aux visiteurs de pouvoir fouiller, creuser, gratter, trouver et de se plonger davantage dans la peau d’un archéologue, voire même à créer des vocations chez les plus petits.

Bonne idée N°8 : Les 3 niveaux

Ces 3 niveaux sont représentés par des truelles (1 truelle = facile, 3 truelles = difficile). Tout au long de votre visite, vous serez confronté à ces symboles de truelles. A quoi servent-ils ? Ils vous permettent déjà de lire les panneaux selon votre aisance avec le contenu. Et là encore, c’est une astuce maline : le paragraphe adapté au niveau que vous avez choisi s’illumine lorsque vous avez appuyé sur le nombre de truelles correspondant (notons que les paragraphes « faciles » sont à hauteur des yeux des enfants, malin qu’on vous dit !). Ce procédé devrait d’abord amener les visiteurs vers les panneaux puis les engager davantage à lire l’intégralité de son contenu (hypothèse à vérifier). Mais il n’y a pas que le contenu des panneaux qui est adapté à ce nivellement, il y aussi la grande majorité des activités !! L’exposition s’adapte ainsi à tous les âges et à tous les niveaux d’aisance des visiteurs à s'approprier avec un contenu scientifique.

Bonne idée N°9 : L’archéo pass

L’archéo pass n’est pas un livret jeu, ni un guide de parcours. C’est juste une feuille avec la liste de chaque activité et dispositif interactif présent dans l’exposition sur laquelle vous allez tamponner des petites truelles en fonction de votre niveau de lecture. C’est pas grand-chose, mais c’est malin : on vous donne ainsi l’ordre de visite et de lecture de l’exposition, vous ne passez à côté d’aucune activité (il peut être facile de passer à côté du trou de poteau, ou de la dendrochronologie), et vous les faîtes toutes (rien ne vous y oblige, mais c’est tellement plus satisfaisant de tamponner votre pass avec le sentiment du travail bien fait). A la fin de la visite, ces tampons vous donnent le droit d’obtenir votre carte d’archéologue. Un gadget, mais de quoi clôturer votre visite avec un sourire (surtout pour les enfants).

Bonne idée N°10 : Le laboratoire

Partie conséquente de l’exposition (et personnellement, ma partie préférée), elle se compose de 5 bureaux (dont les plans de travail constituent des panneaux d’explication très beaux), qui sont en fait 5 ateliers. Très accessibles en autonomie (sans médiateur donc), ces ateliers peuvent être faits sur les 3 niveaux et par trois personnes en même temps. Comme je voulais valider mon archéopass et obtenir mes quinze tampons (trois tampons par atelier, si vous suivez bien), j’ai fait les 5 ateliers : la céramologie (identifier et dater un fragment de céramique), l’archéo-anthropologie (identifier et dater des… os humains ! C’est quand même fun et sexy, non !!?), la carpologie (non, vous ne devez pas observer les migrations de carpes préhistoriques mais vous devez identifier des restes de graines grâce à de très belles planches botaniques imprimé sur votre bureau), l’archéozoologie (identifier et dater des os d’animaux) et le numismate (déchiffrer des inscriptions sur de très belles pièces). Et là, on dessine, on tripote, on mesure, on enquête, on compare, on peut s’entraider, demander à ses parents (où à ses enfants qui ont parfois de meilleurs yeux que les vôtres). Le matériel, les os, la terre, les pièces sont mis à votre disposition. A chaque atelier, vous disposez d’un petit livret de questions qui reprend schématiquement la méthodologie de ces métiers. Et vous pouvez tout inscrire dessus. Quand vous avez fini votre feuillet, vous avez accès aux réponses. Quelle satisfaction de voir que, grâce à votre seul talent, vous avez pu identifier un tout petit fragment de poterie comme étant un vestige d’une urne funéraire d’un chef gaulois (attention, cette réponse est fausse, pour ne pas spoiler le futur visiteur que vous êtes) ! Cet espace vous donne toutes les clés pour résoudre ces mystères. Ca peut vous ramener à vos souvenirs de lycée et à vos TP d’SVT, et ça reste bien plus fun (et plus court) !

Pour découvrir davantage l’exposition, et pour en savoir plus, je vous conseille d’aller directement sur la page de l’exposition du site du Musée Saint Raymond et d’y cliquer sur les liens des mamans blogueuses qui ont pu prendre pleins de photos.