Conférences

Café sciences "Menace sur la biodiversité marine"

Les activités humaines ont des impacts dévastateurs sur la biodiversité marine, certains visibles, comme l'effondrement des stocks de poissons dû à la surpêche ou le blanchiment des coraux lors des vagues de chaleur marine dues au changement climatique anthropique, et d'autres invisibles, comme la propagation de micro-organismes pathogènes provoquant des mortalités massives ou la modification indélébile de la composition génétique de certaines espèces. En étudiant les espèces marines à travers le prisme de l'évolution de leur génome, en séquençant leur ADN, mon équipe s'intéresse aux processus fondamentaux de l'évolution marine, mais nous sommes aussi de plus en plus confrontés aux conséquences de l'impact des activités humaines sur les trajectoires évolutives des espèces que nous étudions. L'objectif de mon intervention est double. Tout d'abord, j'essaierai de remettre en question une vision trop fixiste de la biodiversité. La biodiversité est le résultat de processus dynamiques qui la maintiennent perpétuellement en mouvement. La conservation ne doit donc pas se concentrer uniquement sur le résultat, en essayant de conserver des espèces spectaculaires dans des lieux emblématiques, mais doit également s'intéresser aux processus que nous perturbons par nos activités et qui menacent le mouvement naturel de la biodiversité. Deuxièmement, j'expliquerai comment les communautés d'espèces et la composition génétique des espèces marines sont rapidement et irréversiblement modifiées par les activités humaines. Je soulignerai en particulier le problème du déplacement sans cesse croissant des espèces, des agents pathogènes et des gènes, ainsi que le problème moins connu mais non moins inquiétant de l'évolution induite par l'homme. Les scientifiques n’aiment pas être porteur d’un message d’alerte, mais ce que nous voyons avec le séquençage de l’ADN, sans l’avoir vraiment voulu, nous sommes les seuls à le voir et nous devons donc vous en informer. Si nous ne réduisons pas notre impact sur la nature nous risquons de ne plus pouvoir profiter des services monumentaux qu’elle nous rend.

Nicolas Bierne
Directeur de Recherche CNRS à l'Institut des Sciences de l’Évolution de Montpellier (ISEM) [et Overseas research fellow du Chuchill College de Cambridge ?]

Ingénieur Agro (INA-PG), Docteur en Biologie des populations de l'Université de Montpellier, habilité à diriger des recherches, Directeur de recherche CNRS