Le mystérieux Monsieur Fermat [Saison 1 - 2/5]

Publié par Claire Adélaïde Montiel, le 15 février 2020   1.4k

Saison 1 : l’homme qui naquit trois fois-  

(2/5)  COUP DE THEATRE  A  L'EGLISE NOTRE DAME DE L'ASSOMTION  


L’acte 2 commence par un coup de théâtre !

Voilà que le registre des baptêmes de 1605 fait état, en date du 30 octobre, de la naissance d’un deuxième Pierre, fils du même Dominique.  Pour la mère, règne la même incertitude qu’en 1601, mais ce qui est nouveau, c’est que, à y bien regarder, rien n’est vraiment clair pour le père non plus.

Reprenons les choses au début.

Le 30 octobre 1605, dans l’église Notre Dame de l’Assomption, est baptisé dans la grande cuve de plomb, un second nouveau-né prénommé Pierre. C’est pour le moins surprenant, mais il y a plus étonnant encore. A la suite du prénom, le nom de famille de l’enfant, d’abord laissé en blanc, n’a été renseigné qu’après coup avec une encre d’une couleur différente. Le patronyme Fermat apparaît donc non pas de prime abord mais écrit en seconde intention.

A la rubrique fils de, le prénom du père qui a tout d’abord été noté François, prénom d’un autre Fermat de Beaumont qualifié de marchand dans plusieurs documents, a été rayé, manifestement après coup, pour être remplacé par Dominique, ce prénom débordant dans l’intervalle au-dessus de celui qui avait été d’abord inscrit et empiétant sur le mot suivant.

 

 

Pierre Fermat, filz de François (rayé et remplacé par Dominique) a esté baptisé le dernier d’octobre 1605, parrin M. Dusolier… marrine magdeleine Dusolier, par moy Pardeilhan pbte.

 

 Que cachent ces gribouillages et ces mystères ?

Pour essayer de tirer l’affaire au clair, voyons qui sont les parrain et marraine, ces protagonistes essentiels au regard de l’église puisqu’ils se substituaient aux parents pour, en portant le nouveau-né sur les fonts baptismaux, le présenter à Dieu et à la communauté des chrétiens.  

De la marraine, Magdeleine du Solier, nous ne connaissons que le nom. En revanche, le parrain, Pierre Dussolier et n’est autre que l’époux de Marguerite de Long, sœur de Claire Delong que nous pouvons considérer comme la mère de ce second enfant. En effet, dans un acte de baptême de1607, elle figure au titre de « femme à Sire Dominique Fermat, bourgeois » ce qui laisse supposer qu’après le décès de sa première épouse, peut-être morte en mettant au monde la petite Antoinette, Dominique s’est remarié à Claire Delong.

Le Pierre de 1601 avait été porté sur les fonts baptismaux par Jehanne Cazeneuve, sa tante de la branche maternelle et par Pierre Fermat, frère de Dominique, son oncle paternel. Le Pierre de 1605 a pour parrain Pierre Dussolier, beau-frère de Claire Delong qui serait donc, en toute hypothèse, son oncle par alliance. Le problème de la mère de ce nouveau Pierre est donc résolu ? Pas tout à fait !

 

En effet, si le nouveau-né de 1605 est bien, comme cela paraît de plus en plus probable, le fils de Claire Delong, le mariage aurait dû avoir lieu à tout le moins plusieurs mois avant la naissance du second Pierre. Or, malgré toutes les recherches, il n’a été possible de retrouver ni l’annonce de ces épousailles, ni le minutier de notaire où a été consigné le contrat de mariage. 

On ne peut imaginer cependant que ce dernier document n’ait pas existé. Le marié possédait de nombreux biens et il était de coutume que la future épousée apporte en dot une somme conséquente. L’absence de contrat paraît d’autant plus troublante que Dominique Fermat, qui était lié par amitié ou par cousinage avec plusieurs notaires, utilisait souvent leurs compétences pour dresser de nombreux actes d’achat ou de vente de biens mobiliers et immobiliers, ou encore pour établir avec d’autres marchands des contrats d’affaire lorsqu’un marché était trop important pour lui seul.

 

Au terme de ce parcours du combattant, nous avons acquis une certitude : le Pierre de 1605 est bien le fruit d’une nouvelle union survenue après le veuvage de Dominique, mais il reste une inconnue. Lequel des deux Pierre nés de Dominique Fermat et de deux mères différentes est notre mathématicien ? Celui de 1601 ? Ou bien celui de 1605 ?  Et aux mystères précédents s’en ajoute un nouveau. Qu’est devenu le contrat de mariage de Claire et Dominique ?


On peut encore aujourd'hui voir dans l'église de Beaumont, en plus d'autres trésoers datant de différentes époques,  le grand baptistère de plomb où furent baptisés les deux Pierre Fermat.