"Une autre idée des maths" avec Isabelle Turmo, bénévole pour Fermat Science

Publié par Zacharie Tazrout, le 22 janvier 2019   1.5k

Les mathématiques, c’est une discipline qui peut faire peur à pas mal d’entre nous. Elles sont souvent mal comprises, n’intéressent pas car on n’y trouve pas toujours du sens. Pour Isabelle, combattre ce préjugé semble une évidence et c’est une des raisons pour laquelle, elle a décidé, après sa retraite, de devenir bénévole pour Fermat Science, une association de vulgarisation des mathématiques dans le Tarn-et-Garonne.

De professeure des écoles à bénévole pour Fermat Science

Retraitée depuis maintenant deux ans, Isabelle a été pendant une quarantaine d’années professeure des écoles dans le Lot-et-Garonne, le Gard et même en Martinique. D’un profil littéraire à la base, cette passionnée d'archéologie a toujours été à l’écoute de ses élèves, notamment ceux ayant des lacunes en physique et en mathématiques.

Connaissant déjà Fermat Science, elle a eu l’occasion de collaborer avec eux pendant ses années d’enseignement et a pu voir la manière ludique et ouverte dont les médiateurs scientifiques transmettent les maths aux élèves de primaire. Si l’envie d’être bénévole ne manifeste pas immédiatement, son intérêt pour l’association est déjà présent. De fil en aiguille, elle se rapproche de l’association jusqu’à ce que Fermat Science lui propose de devenir bénévole, une idée qui l’a séduit.

En donnant un peu de son temps pour Fermat Science, Isabelle débute avec quelques interventions pendant la Fête des Maths. Elle forme des ateliers qu’elle anime par la suite, que ce soit à Toulouse, en Aveyron ou dans la maison de Pierre de Fermat, qui est le lieu d’animation de l’association.

Mais c’est d’une demande étonnante de Fermat Science qu’elle va pouvoir vivre une expérience forte : l’association s’associe à l’Institut français de Tunis dans l’idée d’apporter aux élèves Tunisiens une nouvelle vision des mathématiques. Proposition à laquelle elle répond avec enthousiasme. À l’aide d’ateliers sur le codage mathématique, elle part une première fois en Tunisie en ne sachant pas ce qui l’attend. Isabelle découvre alors une façon différente d’enseigner : un rapport certes plus frontal entre l’élève et l’enseignant dû à la sévérité de l’enseignement mais des enfants toutefois très intéressés, brillants, dont les yeux pétillent dès lors qu’ils découvrent une nouvelle facette des mathématiques.

Pendant son séjour, l’art islamique et l'architecture des villes tunisiennes la subjuguent. Elle décide de revenir l’année suivante avec un nouvel atelier sur la géométrie dans l’art islamique : un véritable succès auprès des jeunes Tunisiens.

L'intérêt des élèves, une nécessité. Leur orientation, une priorité

Pour susciter l'intérêt auprès des jeunes qu’elle rencontre, elle privilégie l'interactivité. Pendant ses nombreuses années d’enseignement, elle a constaté que la manière dont les mathématiques sont apprises à l’école manque énormément de chaleur. “C’est soit juste, soit faux. Il y a beaucoup de frontalité, ça manque de concret”. Il faut faire en sorte que les élèves avancent et qu’ils ne restent pas bloqués. Pour cela, Isabelle reste la plus rassurante possible. Elle s’efforce à rassurer ses élèves en leur expliquant qu’ils ne seront pas évalués et qu’ils seront accompagnés pour réussir à résoudre les problèmes.

De plus, elle essaie de contextualiser le sujet qu’elle aborde pour donner un maximum de sens à l’enfant. “On essaie de toucher à plein de choses, plein de sujets en rapport avec le thème choisi”. Car transmettre les maths, c’est aussi l’occasion pour Isabelle de faire découvrir la culture non-mathématique en lien avec le thème abordé.

C’est une véritable chance pour les jeunes de découvrir de nouvelles facettes des sciences, car la bonne orientation des élèves est une priorité pour elle. Elle regrette amèrement l’absence de passerelles : “A l’école, on sépare, on catégorise, on évite les passerelles entre les disciplines”. Chose que Fermat Science tente de déconstruire.

Sa vision des mathématiques & de la culture scientifique

En découvrant un pays comme la Tunisie et en réalisant plusieurs ateliers partout dans la région Occitanie, elle a contemplé des centaines de sourires se dessinant sur les lèvres des enfants : “c’est une vraie bouffée d’oxygène”. Elle se rend compte que venir dans des classes, rencontrer des enfants, c’est aussi se remettre en question : “il n’est pas question que l’on se positionne comme détenteur du savoir”.

Grâce à son bénévolat pour Fermat Science, elle s’est forgé une vraie culture scientifique et elle y trouve énormément d’intérêt. Isabelle nous confie alors son petit secret  : “Les maths, c’est un jeu. Il n’y a que quand c’est un jeu que ça plait”. Il faut donner l’impression de jouer et surtout de réussir. Elle s’amuse et amuse les jeunes ; c’est ça sa victoire.

Dans moins d’un mois, Isabelle s’envolera pour le Chili pour découvrir le monde. Avant de partir, elle a toutefois pris le temps de contacter plusieurs écoles pour pouvoir proposer ses ateliers aux jeunes Chiliens et ainsi pouvoir leur donner “une autre idée des maths”.


Plus d'infos : 

Fermat Science est une association de diffusion de la culture mathématique. 

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