Retour sur le Bar des sciences "Femmes et sciences: une nouvelle donne?"

Publié par Josephine Ziel, le 13 avril 2016   2.5k

Le 31 mars dernier, le public s'est réuni lors du Bar des sciences pour débattre d'un sujet qui ne cesse d'évoluer: le poids des femmes dans les sciences.

Des scientifiques de tous horizons

Pour débattre de ce sujet, l'Université de Montpellier a accueilli des intervenant/es de différents domaines:

  • Alain Foucaran, professeur à l'Université de Montpellier et directeur de l'IES (Institut d’Électronique et des systèmes)
  • Marthe Kalifa, chargée de mission à l'Observatoire du suivi et de l'insertion professionnelle des étudiants
  • Pascale Perrin, chercheuse au Laboratoire MIVEGEC (Maladies Infectieuses et Vecteurs : Ecologie, Génétique, Evolution et Contrôle),
    Maître de conférences des universités à l'Université de Montpellier et membre de l’Association nationale Femmes & Sciences,
  • Marion Peyressatre, doctorante à l'Institut des Biomolécules Max Mousseron
  • Céline Engrand, doctorante à l'IES (Institut d’Électronique et des systèmes)

Lors des présentations, nous avons eu l'occasion d'en savoir un peu plus sur l'association Femmes & Sciences et comment elle propose d'aider les femmes à dépasser le plafond de verre. Nous avons également appris qu'Alain Foucaran, seul intervenant masculin, "ne pense pas comme les autres". Mais comment pensent les autres? Pour mieux le comprendre, l'assemblée s'est intéressée à quelques chiffres intéressants.

Des statistiques révélatrices d'une différence encore très présente

Tandis que l'égalité homme-femme évolue dans notre société, de nombreux faits révèlent que les femmes sont encore sous-représentées en sciences. Il a été évoqué que, dans le monde entier, les femmes représentent 30% des scientifique, ce chiffres incluant les études, la recherche et l'enseignement. Lorsqu'on s'intéresse à la représentation féminine pour le prix Nobel, on divise ce pourcentage par 10... Un point particulièrement pointé lors des débats, était que les représentations sont très différentes selon les domaines, les mathématiques et la physique semblant souffrir d'un manque d'intérêt de la part de la gente féminine.

Il a également été remarqué qu'avec le même diplôme, une femme gagne souvent moins et n'a pas le même statut. Pourtant "la réussite des hommes cache souvent une femme qui l'aide". Mais qu'est-ce qui empêche les femmes de s'affirmer dans leur carrière à un niveau égal ou supérieur à celui de leurs maris? Il paraitrait qu'elles soient trop exigeantes avec elles-mêmes en voulant mener plusieurs vies de front, mais manquent de confiance en soit.

Comment expliquer les différences?

Pour comprendre un peu mieux d'où viennent les différences actuelles et pourquoi elles sont si ancrées dans notre société, quelques dates clés ont été énoncées. De nombreux acquis pour l'égalité sont encore très récents comme par exemple le collège unique en 1975, et le droit des femmes à s'inscrire à l'université sans l'autorisation de leur mari depuis 1938. Cet historique récent marque aujourd'hui encore nos usages et est en partie responsable des clichés qui persistent:

  • Un père qui dit à sa fille "arrête-toi" lui signifiant ainsi de se marier pour avoir une vie plus simple
  • Un homme doit épouser une femme de même niveau ou en-dessous
  • Les stéréotypes désignant le dessin comme une matière féminine, et les sciences comme une matière masculine car plus abstraite

Ainsi, de nombreux clichés font ressentir aux femmes qui tentent de s'affirmer, qu'elles ne sont pas l'égale de l'homme. Au niveau neurologique, nos cerveaux sont effectivement influencés différemment par les hormones. Mais le cerveau est plastique, nous possédons chacun une grande capacité d'adaptation nous permettant d'élargir nos possibilités.

Enfin, le public de ce Bar des sciences a longuement débattu des solutions à mettre en place pour favoriser l'évolution d'une égalité des possibilités de carrière...

Un travail dès le plus jeune âge

Les idées qu'un enfant se fait de son rôle dans la société seraient fixées dès le plus jeune âge. Tout basculerait vers environ 10-11 ans. Ainsi, un travail important est à faire dans les collèges pour montrer que la science est ludique. D'une part, il y a le rôle déterminant de l'enseignant qui est un passeur de savoirs mais également un déclencheur de passions. De plus, il est important que des chercheurs aillent dans les classes. Le rôle de modèle ayant une grande importance, des films métiers pourraient également être présentés avec des hommes et des femmes occupant des postes similaires. Il semblerait qu'il y ait également un travail à faire au niveau des exemples dans les manuels scolaires... En dehors des classes, chacun et chacune d'entre nous peut certainement susciter des intérêts en partageant au quotidien notre passion pour la science.

Une égalité en devenir

En évolution permanente, le statut des femmes dans le monde scientifique devrait continuer à susciter moult débats. De nombreuses scientifiques jouent leur rôle de modèle et tentent de motiver les plus jeunes. Sur Echosciences Grenoble, Marion Sabourdy nous propose un dossier spécial "Femmes et sciences" rassemblant des articles sur le thème: on y trouvera de belles initiatives et des portrait de femmes qui s'affirment.


>> Crédit photo: Université de Montpellier